mercredi 5 mars 2008

Parsifal 2008, espèce d'Odyssée

Hier, première à l'Opéra-Bastille de Parsifal, ein Bühnenweihfestspiel (Festival scénique sacré), de M Richard Wagner, dans une nouvelle mise en scène!
Que du beau monde dans la salle, même un célèbre retraité de la vie politique...

On se réjouissait du bain de musique dans lequel on plonge pendant des heures. Hélas!

Le livret est "liturgico-magico-mystique". Il est surtout à se taper la tête contre les plinthes, mais bon, normalement pas de quoi envahir la Pologne.

C'était sans compter avec l'imagination du metteur en scène. C'est devenu une habitude de décaler les opéras dans le temps : on nous fait Boris au Comité Central du PCUS, Faust pendant la débacle de 40, La Dame de Pique dans un hopital psychiatrique. Là, pendant l'ouverture, on regarde la fin de 2001 l'Odyssée de l'Espace, de Kubrik, quand le vieux cosmonaute prend son dernier petit dèj avant de devenir foetus galactique. On est "au-delà du Temps"!

Au 3ème acte, avant l'ouverture, on regarde un petit bout de film de Rossellini, montrant un gamin allemand jouer dans les ruines désertes de Berlin, en 45. Je ne vous raconte pas la bronca "A l'Opéra, pas au cinema! Hou, hou! Casse-toi, pauv' mec...!". De fait, le vieux cosmaunaute et le gamin en culotte de peau se sont balladés au milieu des chanteurs pendant tout le spectacle.

Quand on a une idée, on peut la prolonger. Quand on en a beaucoup, on peut repartir dans toutes les directions. Amfortas expie la perte de sa virginité en salle de soins intentifs (intubateur non compris, il ne pourrait plus chanter). Kundry arrive au grand galop (c'est dans la partition, avec le leit-motiv de la Cavalcade), et descend...d'un cheval d'arçon! La fontaine sacrée est transformée en rangée de lavabos, comme j'en avais en pension. Le Filles-Fleurs sont des pensionnaires de Mme Claude dans les années 30, où les demoiselles se jettent sur Parsifal, sans doute dans l'idée de travailler plus pour gagner plus.

Le pauvre Parsifal, "Pur et Innocent", est représenté en simplet. Les Filles-Fleurs le deshabillent, et il se retrouve sur la grande scène de l'Opéra en marcel, caleçon blanc, le pantalon sur les chevilles... On prendrait une photo, les gens croiraient que c'est du Feydeau au moment où une dame crie "Ciel, mon mari!".

Le plus mignon est le potager ouvrier qui décore tout le devant de la scène au 3ème acte, avec rangées de poireaux, salades, etc, bien alignées. C'est l'occasion de découvrir Kundry effondrée dans les chous-rave (les didascalies parlent de buissons dans la forêt sauvage), pendant que le petit Helmut arrose les radis. Voila l'explication : le Vendredi-Saint est le jour le plus important de l'année, car il marque le printemps et la renaissance de la Nature! C'est pour cela qu'on célèbre la Cène!!!

Ah les choeurs des Chevaliers du Graal! (vous savez ce qu'est le Graal, vous, car vous avez vu Indiana Jones, vous). On leur a fait un bel amphithéatre à la Wieland Wagner, mais il était à moitié vide : sans doute la moitié des chanteurs était en RTT. Du coup, pour les renforcer, quelle bonne idée de nous renvoyer leurs divins chants, plein tube, dans des hauts-parleurs derrière nous...

Heureusement il y avait Kundry, vous savez : elle est mi-pute (2ème acte), mi-soumise (1et acte). Une rincarnation d'Hérodias! Kundry, la belle et bonne Waltraut Meier, a henni généreusement (c'est le rôle).

Je passe sur les chasubles brodées et les bougeoirs de sacristie qui enrichissent les célébrations. "Cela ajoute du catholicisme, c'est nouveau", a dit ce matin sur France-Inter un critique souvent plus inspiré. Ca ajoute surtout du grotesque à cette liturgie mi-synchrétique mi-crétine.

C'est comme ça que j'aime l'Opéra : on profite du spectacle, on rigole, on pouffe, on se scandalise, on est content de l'événement et du scandale.
Pour écouter la musique de Wagner, rien ne vaut un bon disque, en lisant la partition.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

ca donne presque envie d'aimer Wagner...

Anonyme a dit…

rien sur Sarko?

François a dit…

mais oui, Wagner est beau. Parfois un peu long... mais c'est un de ses charmes. Il ne se laisse pas facilement approcher, mais le résultat en vaut la peine..

Allez voir la critique du Monde : un ratage!

http://archives.lemonde.fr/culture/article/2008/03/05/opera-parsifal-de-wagner-un-ratage_1019024_3246.html

Anonyme a dit…

François vous semblez être pour certains "le spécialiste en sarkologie". J'apprécie aussi vos posts sur d'autres sujets et comme dit le Kapitan, nous étions presque à l'Opéra avec vous...

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