dimanche 4 janvier 2009

5 janvier 1895

Pourquoi pas un peu de "mémoriel"?

Le samedi 5 janvier 1895 eut lieu dans la grande cour de l'École Militaire, la "Parade d'exécution" : le capitaine Alfred Dreyfus, polytechnicien, condamné pour trahison, devait être dégradé.

Il est facile de comprendre les événements avec le recul. Mais je voudrais attirer votre attention sur le nécessaire discernement, et la retenue, qu'il convient de garder en pareil cas.

Vous auriez pu lire, en effet, dans le Figaro du 6 janvier 1895 ce qu'en disait Léon Daudet : "Il est soumis comme un pantin figé. J'entrevois sa tête chafouine et blafarde... Il n'a plus d'âge. Il n'a plus de nom. Il n'a plus de teint. Il est couleur traître.
Sa face est terreuse, aplatie et basse, sans apparence de remords, étrangère à coup sûr, épave de ghetto..."
Le misérable n'était pas français. Nous l'avions tous compris par son acte, par son allure, par son visage. Il a comploté notre désastre, mais son crime nous a exaltés".

Dreyfus, en effet, n'était pas seulement juif, mais aussi alsacien. Il parlait allemand. Il avait choisi la France : son patriotisme fut curieusement une des preuves de sa "trahison".

Dans le Petit journal du 6 janvier 1895, un autre journaliste, Judet, dira : "C'est un lâche qui, tremblant pour sa vilaine peau, n'a pas eu le courage de se suicider".

Maurice Barrès donnera en 1899, lors du procès de Rennes, dans Le Journal, les souvenirs de ce jour : "Fatale puissance qu'il porte en lui, ou puissance des des idées associées par son nom, le malheureux détermine chez tous des charges d'antipathie. Sa figure de race étrangère, sa raideur impassible, toute son atmosphère révoltent le spectateur le plus maître de soi".
Et encore : Dreyfus n'appartient pas à notre Nation et dès lors comment la trahirait-il? Les Juifs sont de la patrie où ils trouvent leur plus grand intérêt..."

"La France Juive", publiée en 1886 par Edouard Drumont, sous la recommandation du Père du Lac, sj, avait eu un immense succès : plus de 150 éditions! Drumont lance le 20 avril 1892 La Libre Parole, avec comme sous-titre : « La France aux Français ». L'antijudaïsme historique se transformait en antisémitisme virulent.

Le vrai "traître" était Esterhazy, d'origine hongroise, mais installé en France depuis 150 ans, boursicoteur désargenté, coureur de dot.

En relisant "l'Affaire", de Jean-Denis Bredin, je me demandais si, et quand, je serais devenu dreyfusard. Je frémis à l'idée que j'aurais pu me tromper, anesthésié par la propagande officielle.

12 commentaires:

Anonyme a dit…

Dreyfuss était-il vraiment innocent? La thèse officielle actuelle est qu'il l'était.Esterhazy a fait un coupable de rechange bien étrange et qui a pu se refugier tranquillement à Londres. Bref, Dreyfus aurait été injustement condamné par des frabnçais racistes et antisémites.En tout cas , Dreyfus a tout fait avec son attitude, ses mensonges, pour paraitre être un coupable idéal. Jean-Denis Bredin , juif lui-même défend son congénère -tout comme le juif Zola - et cela se comprend fort bien. L'antisémitisme virulent était apr ailleurs bien compréhensible à l'époque, l'affaire Dreyfuss venant aprés le scandale de Panama où de nombreux juifs s'étaient lamentablement compromis et avaient ruiné les petits épargnants ( tiens, cela me rappelle l'affaire Madoff). L'antisémitisme était tellement normal que Drumont a été élu député d'Alger sous l'étiquette de l'antijudaisme sans que cela ne choquât quiconque. Par ailleurs, la shoah n'avait pas en core eu lieu. Celle-ci a imposé par la suite à tous un sentiment de culpabilité savamment orchestré et entretenu empechant toute tentative de critiquer ce lobby ethno-religieux.

Anonyme a dit…

Affaire d'un autre siècle, qui fait toujours débat, et qui a bien été noyautée par les francs-mac.
Les hongroises de capitaine de Dreyfus se trouvent au musée du judaïsme à Paris.

Anonyme a dit…

Pour les francs-macs, lire "L'affaire Dreyfsus" de Eric Cahm.

Anonyme a dit…

moi aussi, j'ai beaucoup de compassion pour ceux qui ont été injustement condamnés par leurs concitoyens: Marie-Antoinette, Ney, Brasillach, Pucheu, la marquise de Lamballe, et bien d'autres.
Petite différence:
1° on les a flingués
2° ils ne sont pas réhabilités.
François, halte à la provocation!

Anonyme a dit…

Jean-Marie Bastien-Thiry, polytechnicien comme Dreyfus, fusillé en mars 1963.

Anonyme a dit…

Et Louis Rossel, polytechnicien lui aussi, fusillé en 1871 par le bourgeois sanguinaire Thiers....

Anonyme a dit…

A M de Montfort : pour votre information, M Zola n'était pas juif. Il était d'origine italienne, et sa mère s'appelait Emilie Aubert, d'Aix en Provence. Voila qui ruine la moitié de votre démonstration.
A M Léon : curieuse idée de mélanger les sorts de Marie-Antoinette et de la duchesse de Lamballe d'une part, et de Brasillac et de Pucheu d'autre part! Amalgame, quand tu nous tiens!
A Slobo : Bastien-Thiry avait quand même cette différence avec Dreyfus, d'avoir fait une tentative d'assassinat. Il a eu le tort d'échouer, mais il avait des circonstances atténuantes, notamment sa santé psychologique.
A Lachaise : je suis bien d'accord pour Rossel!

Anonyme a dit…

Cher François,

Effectivement, rien ne vous échappe: il y a un débat sur la santé psychologique de Bastien-Thiry au moment des faits, mais rien n'est prouvé.
Pour votre culture: les armes qui ont servi au petit Clamart avaient été "volées" au 5e régiment du gènie. Depuis, ce régiment n'a plus le droit de porter sa fourragère!

Anonyme a dit…

Bing, ça , c'est envoyé ! .Zola n'était pas juif mais avouez qu'il aurait mérité de l'être. Me trompé-je en disant qu'il était tout de même franc-maçon. Ce qui
m'a induit en erreur c'est que la loge marseillaise du b'nai brith s'appelle Emile Zola ...

Anonyme a dit…

Bien dit Monfort

François a dit…

A M Slobo : vous savez que je me documente sur le tyrannicide. JMBT l'avait fait avant moi.
Pour les fourragères, ça me m'étonne pas : le gaullisme savait aussi être mesquin (et affairiste). C'est du reste tout ce qu'il en reste chez ses successeurs.
M M de Montfort : je ne sais s'il était franc-mac, mais il aurait sûrement mérité de l'être, par sa recherche un peu idéaliste de la Justice, et son attention à la misère des pauvres gens. Pour le reste, c'était un bourgeois tranquille qui avait tout à perdre à défendre D. Du reste, il en est sans doute mort.

Anonyme a dit…

Slobo ! Je comprends votre dépit devant telle injustice puérile ! A croire à un complot militaire donc à une double trahison contre l'autocrate.
Quand on pense qu'un simple irakien peut faire sauter un char comme rien de nos jours, c'était prendre beaucoup de risque et avoir peu de chances de réaliser le coup alors.
Sarko aurait dit "vous êtes des amateurs" et il aurait convoqué la presse pour un grand Gala mais la grande duduche lui était sans pitié.

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