lundi 24 août 2009

Processus

Sur la question de savoir si le mot "processus" était utilisé par les dirigeants des entreprises, et s'ils en comprenaient le sens, j'ai pondu le topo suivant, que je suis heureux de vous faire partager


Oh oui, le mot "processus" est utilisé parfois par les dirigeants : comme le mot "vertu" par Tartuffe.

Ils en parlent pour faire moderne, parce qu'ils ont lu ça sur un « slide » d’un consultant, mais je ne crois pas qu'ils aient bien compris à quel point cela serait engageant pour eux - ou s'ils l'ont compris, ils se dépêchent d'en parler de peur d'avoir à faire….

Tenez par exemple, non pas Google, mais le rapport annuel de la Cour des Comptes, sur l'année 2007.
Le mot « processus » n'est utilisé qu'une fois, au sens de "processus budgétaire", ce qui est en l'occurrence plutôt une procédure, et un arbitrage à sens unique.


Et si la RGPP manque un progrès, au moins théorique, sur la traditionnelle approche de gestion de trésorerie qu'on appelle pompeusement "Budget de l'Etat",
il est clair que la notion de processus au sens où nous l'entendons en est très loin !

Pourquoi ces remarques sur la gestion de l'État?
Parce que ses meilleurs serviteurs deviennent, par magie, PDG de nos grandes entreprises ! Ils ont du talent, sûrement, un carnet d'adresse bien épais, ils connaissent le sérail. Mais la gestion d’une entreprise par les processus ?
Ils seront jugés sur leurs résultats, mais lesquels ?
Quand tout est court terme, quand le cours de l’action perd 3% en Bourse parce qu'un obscur broker de Wall Street la note "sous-pondérer", qu'il vaut mieux faire un bon "warning" qu'une bonne stratégie... et qu'en plus, il ne faut pas licencier, du moins « pas dans certaines circonscriptions », ou de sorte que ça ne se voit pas... Quand un coup de fil irrité de "Dieu" à cause d'une « affaire à 3 sous » mal communiquée peut plonger lesdits dirigeants instantanément dans la géhenne !

Alors, quel temps leur reste-t-il pour penser plus loin que le bout de leur nez ?
Quelle énergie leur reste-t-il après avoir traité la question des actionnaires et celle des politiques?

Je vais plus loin. Il ne faut pas se lamenter sur nos dirigeants, ils sont comme ça, à prendre ou à laisser et ce n'est pas la peine de rêver de les changer : ça viendra un jour et le successeur risque d'être pire…

Non, la gestion par les processus doit être «faite par l'union révolutionnaire des n-2 », ceux qui ne sont pas, ni au Conseil d’Administration ni au Comex, mais juste en dessous.

Eux connaissent l'entreprise et ses enjeux !
Ils font leur carrière dans l'entreprise, ils y sont attachés et ils subiront, au premier rang, sans parachute, d'éventuelles catastrophes !

A eux d'agir, et d'agir bien, en nouant des complicités stratégiques, sans s'embarrasser des incertitudes tactiques du sommet.

Si on ne peut dire ce qu'on fait et faire ce qu'on dit, qu'au moins on fasse sans dire, plutôt que de dire sans faire !

5 commentaires:

leon 1934 a dit…

moi j'aimerais connaitre le processus pour être au niveau 1!l'X, l'ENA, la franc mac???
je ne suis même pas au niveau N-2....
Mais faire la révolution...je suis pour!
avec force et violence.

François a dit…

Je vous l'ai dit, Léon : il faut d'abord être dans la haute fonction publique, et ensuite avoir rendu des.. "services" ... à une personnalité, appelée "locomotive".
Si la locomotive devient Président, si vous avez soutenu le bon clan (par exemple avoir pourri l'ex-futur-femme avant les autres), alors la locomotive vous remercie en vous nommant PDG d'une des boites du CAC40.
En revanche, si votre locomotive déraille, ou est mis sur voie de garage, alors vous pourrez pleurer sur les malheurs du monde, au Conseil d'État ou à la Cour des Comptes.

X, ENA, ou Trois . ? Ca ne peut nuire, mais comme on a vu qu'il était capable de nommer Consul son propre cheval...

UMP : pour ceux qui font honnêtement leur travail, ceux qui ont les mains dans le cambouis, alors là!, aucune chance.

leon de wagon de queue a dit…

c'est pas vrai . moi, j'avais une locomotive, qui aimait bien avoir des tander derriere lui...
il est vrai que je ne sortais pas , à 20 ans, de la haute fonction publique.

François a dit…

J'avais oublié un "détail" : il faut avoir rendu des "services", du genre inavouables, et n'avoir ni morale ni scrupule.

O'Sulivan fétide a dit…

Rajoutons à cela le comble de l'ironie et de l'opportunisme médiatico économico politico....
la notion de "développement durable", processus des processus s'il en est et que chacun se balance à la figure plus vite que son ombre pour se donner bonne conscience dans l'entreprise.
Et constatons que, comme vous le remarquez justement, François, la notion de développement durable pour les big chief n'est pas la même que pour les N-2 !
La survie des N°1 n'allant pas de pair avec celle des N°2 et suivants par les temps chahutés qui sont les notres.
L'éthique dans les affaires, c'est bon pour les étudiants en mal de bonne conscience et quand on m'en parle je fonce aux toilettes pour vomir.

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