dimanche 10 janvier 2010

Neige en janvier

C'est drôle, de la neige en janvier. Croyez en mon expérience : celle de novembre annonce Noël, celle de janvier un discours (au moins) de Sarkozy en février.

Ça remplit les journaux TV, et pendant ce temps-là, on cause d'autres choses. Comment n'a-t-on pas commandé assez de chasse-neige au cas où... La question que tout le monde se pose, et dont la réponse est plutôt complexe.

En effet, ces équipements relèvent de la décision des conseils généraux, que l'on élit selon des modes de scrutin assez archaïques qui, pour ne froisser personne, surestiment et favorisent les cantons plutôt ruraux, aux dépens des villes et de leurs agglomérations. On a donc, toujours sans vouloir vexer personne, un personnel politique local plutôt conservateur et assez peu cultivé.

Je dis cela sans considération partisane, car sur ce plan là, tout le monde politique, de droite ou de gauche, a l'air d'accord pour le perpétuer. Ces gens gèrent nos sous, allegramente, et ne s'occupent de nous qu'au moment des élections.

Pour revenir aux chasse-neige, quand nous a-t-on demandé notre avis, entre le risque de blocage par la neige, une fois tous les 10/20/50 ans, et le montant corrélatif des impôts associés? Jamais. Pourtant, c'est un exemple-type de démocratie locale, où la réponse n'est pas forcément la même partout.

L'an dernier, M Gaudin avait répondu à ses détracteurs du Conseil général des Bouches-du-Rhône que, s'il avait proposé d'acheter des chasse-neige, il aurait été traité de fada. J'en avais conclu que M Gaudin avait décidé tout seul de ne pas en acheter. S'il avait fait un peu de communication avant, il aurait pu avoir une réponse plus intelligente et plus pédagogique.

Le petit jeu consiste à dire que c'est la faute du gouvernement, sauf qu'il a décentralisé ce genre de décisions, ce qui n'est pas idiot au cas particulier, sauf que les décideurs confisquent ce pouvoir aux dépens des premiers concernés : les habitants. Et oui, on ne peut vouloir habiter à la campagne, parce que l'air y est meilleur et le terrain moins cher, et se plaindre que la collectivité ne prenne à sa charge les inconvénients de l'isolement quand il neige.

Les chasse-neige, ce n'est qu'un exemple banal, mais un exemple frappant du détournement de la démocratie locale dans notre pays, et cela est grave.

Prenez maintenant la vaccination. Là, c'est bien l'Etat qui est responsable, et il avait à gérer une situation difficile : prendre des décisions en univers incertain. Je ne fais pas partie de ceux qui condamnent Mme Bachelot pour avoir acheté trop de vaccins, mais je lui reproche de n'avoir pas tenu compte dans les contrats de ces incertitudes. Les marchés à tranche optionnelle, ce n'est pas fait pour rien, même si ça parait coûter plus cher au début, généralement c'est ce qui est le plus flexible. Elle a privilégié l'affichage du prix unitaire au coût total de l'opération: elle n'aura pas le prix Nobel d'Economie, Roselyne.

En terme de communication, elle a été désastreuse : elle a pris la posture de celle qui maîtrisait tout, elle doit assumer maintenant les incohérences de ses conseillers, les médecins (même Peloux!, même Debré, le frère de l'autre, le spécialiste des maladies de la "zigounette"!) se disputant entre eux sur le thème qu'ils l'avaient bien dit, que si on les avait écoutés et que si on s'y était pris autrement... Tout ceci est grotesque et n'honore pas ceux qui se livrent à ça.

Mais la vraie déroute est ailleurs : l' Etat s'est montré incapable de vacciner toute la population en un temps raisonnable. Même en 39, la distribution des masques à gaz et des tickets de rationnement s'était mieux passée. C'est très drôle, parce que ça n'a été qu'une "grippette", mais que se serait-il passé si ça avait été grave? Déjà les CRS ont eu du mal au début à canaliser les heureux titulaires de "bons", et maintenant, parait-il , les centres attendent le client. On peut venir sans bon, mais, n'ayant pas de bon, je ne sais où sont les centres de vaccination. A noter que les maris des femmes enceintes ne sont pas prioritaires : sans doute ne verront-ils jamais leur bébé?

L'Etat n'est donc plus en mesure d'assurer ses missions de base. Il décentralise ce qu'il peut sur les régions et départements, où le pouvoir est confisqué par des satrapes.

Et pendant ce temps-là, ma pauvre dame, on cause de la neige. Il va falloir refonder notre démocratie...





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7 commentaires:

Prospectiviste a dit…

Réformer? Je crois qu'il faut grenader, dynamiter, pulvériser cette triste mascarade prise entre une europe tatillonne et méprisante, simpliste et technocratique et les petits caïds locaux qui captent un pouvoir fondé avec le copinage et les intérêts étriqués bien compris des citoyens appelés à soulever leur chapeau très haut et se pencher très bas au passage de leurs "élus" , dont personne ne s'offusque de découvrir le nom avant le cirque électoral.
Le conservatisme en matiere de politique locale, et il n'est alors ni droite ni de gauche, ni du centre, est souvent nimbé de vertus, telle le refus de l'endettement, au motif de la rigueur gestionnaire dont on sait à terme qu'il est mortel !

Un spécialistredutrouduc a dit…

Le spécialiste de la Zigounette (et non pas uniquement de la circoncision ) est aussi député, ancien ministre.... Je ne le defend pas mais il autant de bon sens qu'un enarque ou un prof de lycée..
Moi, je suis proctologue mais rassurez vous, je ne fais pas de politique.

François a dit…

Mais Trouduc, je trouve que proctologue, c'est un métier formidable! Il faut avoir eu mal à cet organe pour savoir à quel point votre intervention est nécessaire.

Ceci dit, vous n'avez sans doute pas eu le temps de lire l'actualité. Lorsque le Pr Debré, ancien ministre, député, a critiqué le gouvernement, le Président de la République a déclaré : "On n'en rien à f... de son avis, il est urologue, il n'y connait rien en grippe : quand on aura mal à la zigounette, on le sonnera".

Voila l'origine de ma peu fine allusion. Mais je pensais qu'elle serait vue comme un clin d'oeil par des lecteurs au parfum.
Je reconnais que c'est un très mauvais exemple donné vis à vis du respect que l'on doit à un élu du peuple.

Dr Lainé a dit…

Je ne connaissais pas cette anecdocte et je ne pensais pas que le président était aussi méprisant .. je suis un peu déçu

kidemandearigolerplus souvent a dit…

citez vos sources! Je demande à avoir accès moi aussi à ce florilège de citations sarlozystes hautement désopilantes!!

Ca me le troue a dit…

Sarko s'en fout de ce que dit Debré, Besson s'en fout de ce que dit Mme Le Pen, Bachelot s'en fout de ce que disent les médecins et les politiques sur sa gestion de la "crise" ....
C'est un nouveau mode de gouvernance où juste un parler vrai ?

François a dit…

Mes sources sont simples : le Canard, 1,20€ tous les mercredis.
Quand le Canard cite entre guillemets et en italiques, c'est sûrement de l'authentique, et ça a même été repris dans les revues de Presse sérieuses.

Je suis surpris que les lecteurs de ce blog semblent découvrir le personnage. Il se tient mieux (?) en public, mais se lâche en son intérieur. Mais un des conseillers trahit et répète.

Enfin, il a faitdes discours officiels dans lesquels il a exprime son mépris pour les "sachants" et les "soi-disant experts", son rejet des statisticiens de l'Insee, qu'il a mis au pas. Visiblement cet obscurantisme revendiqué ne gêne pas les français .

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