jeudi 31 juillet 2014

Au voleur (bis)

C'est fou ce qu'on est en insécurité.

Un jour, je ne me fais rien voler, ce qui en soi est déjà une information. Mais c'est la dame postière qui, avant de monter les étages d'un HLM pourrave, laisse son vélo devant la porte, et se fait donc chouraver ce qui s'appelle dans son jargon sa "sacoche financière". On en a licencié pour moins que ça.

Pendant ce temps, je vaque à mes occupations dans une insouciance suspecte, quand je reçois une lettre injurieuse du Carrouf du coin me mettant en demeure de lui payer des milliers de francs :  chèque à mon nom, certes, mais déclaré volé. Première nouvelle.

J'appelle ma banque, qui me dit avoir été informée que des chéquiers à mon nom avaient été volés. Ah bon? Vous m'en direz-tant! J'appelle la poste, mais non il faut s'adresser au CMD, centre M(otorisé?, ilitaire?) de Distribution. La postière s'est fait voler MES chèques, et c'est comme cela que je l'apprends? -Ben oui, ce n'est pas vous qui avez été volé, c'est la Poste. Je comprends bien, lui réponds-je, donc je fais comment pour le faire savoir à tous les commerçants qui se seront fait avoir? Vous les renvoyez sur nous! Bien.

Je récupère les numéros des chèques volés, et je fais un tableur Excel, de 75 lignes. Je fais un formulaire où je raconte l'histoire, que je photocopie en 75 exemplaires. A chaque lettre d'injures reçue, je complète mon Excel et j'envoie ma circulaire.

Sur les 75 "formules" volées, environ 50 me sont revenues. J'ai donc rapporté à la Poste l'équivalent de 50 timbres, sans compter les courriers à ma banque (par erreur, des chèques avaient été quand même débités de mon compte). 

Environ 10% des courriers étaient corrects : Monsieur, nous pensons qu'il y a dû y avoir une erreur avec ce chèque, et nous vous serons reconnaissants de vous mettre en rapport avec nous pour régler le problème. Ceux-ci recevaient avec la circulaire une formule de politesse bien choisie.

Environ 40% provenaient des services comptables des entreprises : vous avez 30 jours pour vous régulariser, faute de quoi nous passerons le dossier au contentieux. Ils avaient droit à la formule de politesse classique, genre parfaite considération.

Le reste, environ la moitié, venait directement des huissiers de justice. Loin de moi l'idée de généraliser, mais enfin, j'ai vu la façon de procéder de plusieurs cabinets : j'ai 8 jours pour payer le principal, plus leurs frais, plus les taxes. En gros de 50 à 100% du montant qu'ils estimaient dû. Au bout des 8 jours, il y aurait de nouveaux frais et de nouvelles procédures, jusqu'à la saisie de mon mobilier, la retenue sur salaire, le bagne, que sais-je encore. Le tout en recommandé avec accusé de réception. 

Je leur renvoyais ma circulaire habituelle, en rayant la formule de politesse standard et l'adresse de la Poste coupable, mais leur rappelant que dans cette affaire, j'étais la principale victime, que leur menace de me signaler à la Banque de France m'avait beaucoup plu et que je l'avais appréciée à sa juste valeur, enfin que les commerçants qui avaient accepté ces chèques n'avaient pas procédé avant aux vérifications élémentaires, et que c'était tant pis pour eux. Quant à moi, contrairement à leur affirmation, j'avais bien fait tout ce que j'avais à faire, et que sur ce plan leur accusation était sans fondement. 

J'ajoutais, s'il voulait  bien être aimable avec moi et me le demander dans des formes obligeantes, que je pourrais leur donner les coordonnées de l'entreprise qui pourraient éventuellement les rembourser de leur préjudice.

C'est curieux, en rangeant mes affaires cet hiver, en retrouvant cet épais dossier, qui m'a occupé bien 6 mois, jusqu'à ce que les derniers chèques soient arrivés, de retrouver la rage vécue à l'époque d'être traité comme un malpropre. J'ai pu reconstituer l'itinéraire de ces valseurs, mais je n'ai pu me résoudre à le jeter. Je le garde pour l'Histoire.

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