vendredi 15 juillet 2016

Hâte en tas

Un nouvel attentat à Nice et déjà certains, qu'on identifiera facilement, ont du mal à cacher leur jubilation. Le patron de la DGSI l'a dit récemment : les groupuscules néo-nazis, skinheads et réacosphères de tout genre appellent à la guerre civile, revendiquent l'amalgame et la stigmatisation.

Plus prosaïquement, la droite va demander l'état de siège (tous les pouvoirs passent à l'armée qu'on a vue et complimentée justement hier), le gouvernement va hésiter à le faire mais finira par faire encore plus de surveillance de masse, et le FN va engranger des voix. Tout ceci ne servira à rien, mais ça rassure les bons français.

Vous feriez mieux comme moi de lire le rapport de LA COMMISSION D’ENQUÊTE relative aux moyens mis en oeuvre par l’État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015, et notamment le tome 2, avec les comptes-rendus des auditions, qui fait 983 pages, et que je n'ai pas encore fini. Désolé.

Il y a notamment les PV d'auditions qui étaient sous huis clos. Ce n'est peut-être pas exhaustif, au sens que certains "secrets" ont été gardés, et ce n'est pas illégitime. On en apprend cependant assez pour comprendre que le problème n'est pas à la base, mais dans une inorganisation coupable du ministère de l'Intérieur, quand le ministre de l'Intérieur comme tous ses prédécesseurs ne fait que défendre ses troupes pour ne pas les peiner davantage dans les difficultés, ce qui n'est pas complètement légitime du coup.

Vous y verrez par exemple que le chef du RAID avoue ne rien y comprendre dans l'articulation des forces d'intervention ; que lorsqu'il y a conflit entre le GIGN, le RAID, la BAC (Brigade anti-commandos, à ne pas confondre avec la BAC Brigade anti-criminalité), les FIPN et autres, ça passe par une répartition soit géographique, soit par une décision du PPP, du préfet, du DGPN ou du ministre ; qu'on définit alors un "menant" (le chef) et le concourant (celui qui aide le menant) ; que pas exemple, le RAID était avec le GIPN à Dammartin-en-Goële, c'était pour leur donner des infos que les gendarmes n'avaient pas.

Et puis il y a quelques perles, que j'ai commencé à noter.

Mme Caroline Langlade. (témoin, victime ): Au bout d'une heure, j'ai rappelé la police en chuchotant puisque le terroriste était toujours derrière la porte, et mon interlocutrice m'a demandé de parler plus fort. Je lui ai expliqué ma situation, ce à quoi la policière a répondu que je bloquais la ligne pour une réelle urgence. Je ne vois pas ce qu'il peut y avoir de plus urgent que quarante personnes menacées d'une mort imminente. J'ai parlé un peu plus fort et tout le monde m'a demandé de me taire car je mettais la vie de tout le monde en danger. La policière s'est énervée et m'a raccroché au nez en me disant « Tant pis pour vous » ... Et l'entrée de la BRI dans la loge fut d'ailleurs le seul moment où j'ai cru mourir.

M. le président Georges Fenech. J’ai cru comprendre qu’une personne, victime du tir
non pas d’un terroriste, mais d’une force d’intervention, ne relèverait pas du Fonds de garantie.
Mme Françoise Rudetzki. Ce n’est pas nous qui en avons décidé ainsi. Cela vient du
Parquet. (Donc, il faut analyser les blessures des victimes afin de déterminer si elles ont été faites par un terroriste ou par un tir ami : vous n'êtes pas indemnisé de la même façon).

M. le président Georges Fenech. Vous avez empêché ce jeune homme que vous évoquez d’entrer dans le stade ?
M. Omar Dmougui. Oui.
M. le président Georges Fenech. Comment ?
M. Omar Dmougui. Tous les policiers sont partis vers l’endroit où a eu lieu la première explosion. C’était le chaos, la porte G était ouverte, et le kamikaze a voulu entrer dans le stade.
M. Olivier Falorni. Quand la première explosion s’est produite, étiez-vous encore quatre ou vous êtes-vous retrouvé seul ?
M. Omar Dmougui. Tout le monde s’est sauvé. Derrière moi, les employés de la société Stand’Up, qui s’occupaient des fouilles, sont partis. Je me suis retrouvé tout seul. Les femmes et les hommes employés par la société Stand’Up pour faire les palpations se sont tous sauvés après la première explosion. J’ai tourné la tête : il n’y avait plus personne. Ceux qui étaient là-bas pourront vous dire qu’il n’y avait personne.

  
Me Patrick Klugman, avocat au barreau de Paris. J’ai tenu à venir aujourd’hui devant vous avec M. Samuel Sandler parce que, bien qu’elle ne fasse pas l’objet de votre commission d’enquête, vous avez compris des propos non concertés de mes confrères Samia Maktouf et Olivier Morice que l’affaire Merah a été matrice des actes de terrorisme qui ont visé notre pays. Les racines de cette matrice remontaient d’ailleurs à l’affaire d’Artigat, citée par Me Maktouf, la première à avoir conduit devant un tribunal les filières de l’Ariège, dites du Sud-Ouest. Sont déjà présents tous les protagonistes que l’on retrouve directement à l’oeuvre dans les attentats des 12, 15 et 19 mars 2012 à Toulouse et Montauban, et dans la préparation, perpétration ou revendication des attentats du 13 novembre à Paris. Tout nous ramène à l’affaire Merah.

Tout ceci est public, il suffit d'aller lire sur le site de l'Assemblée Nationale. 

samedi 2 juillet 2016

la mécanique quantique des champs

Je suppose que comme moi, vous en avez assez de la pluie, du foot et de ses fanzones, du tournant sécuritaire, absurde et contre-productif  de notre caudilliño national, du Tour de France et autres calamités françaises, anglaises et mondiales.

Aussi, je voudrais vous parler de la théorie quantique des champs. Curieusement, on trouve une pile de littérature et de MOOC sur la mécanique quantique, l'équation de Schrödinger et les relations d'incertitude de Heisenberg. Mais pas grand chose sur la mécanique quantique des champs, qui pourtant a été mise au point par Dirac, un génie pseudo-schizophrène, dans les années 30, puis par Feynman vers 1940, un autre génie, mais du genre très rigolo.

Une explication, peut-être, est que l'approche en est très matheuse, et pourrait apparaître comme rebutante. Cependant, une fois qu'on a compris la définition des opérateurs hermitiens, dont l'inverse est égal à la transposée de leur conjugué, ça devient assez simple. Et on peut enfin traiter le problème des particules dans le cadre de la relativité.

L'erreur serait de considérer que des particules se choquent comme des billes de billard, en un point donné, à un moment donné. En réalité, il y a de l'indéterminisme quantique, un espèce de brouillard où on peut voir ce qui y entre, ce qui en sort, mais pas de savoir ce qui se passe dedans.

Une première idée consiste à partir de l'équation de l'énergie d'Einstein E²= p²+m² (dans un système d'unités où c=1), et d'y appliquer le formalisme de Schrödinger : on aboutit à l'équation de Klein-Gordon :(\square +m^2)\psi(t,x)=0
avec deux conséquences : le résultat ne peut concerner que des particules de spin nul : les pions, le boson de Higgs, et c'est à peu près tout. D'autre part, le calcul introduit naturellement des particules d'énergie négative [puisque (-E)²=E], et la découverte a été de dire qu'il s'agissait d'antiparticules et non de solutions parasites.

Le calcul des probabilité se fait en évaluant l'amplitude de transition entre les entrants et les sortants, qui apparaît comme un quadrivecteur-courant.

Une deuxième idée de Dirac a été de chercher la fonction d'onde comme un spineur à 4 composantes complexes, et de partir de l'équation de Schrödinger dans lequel le hamiltonien serait de la forme  a.p+bm    , a et  étant des matrices 4x4 hermitiennes assez subtiles, dites matrices de Dirac, et p l'opérateur -i nabla. Comme cela, on comprend le spin des particules, et on explique très bien le spectre de l'hydrogène.

Tout ceci conduit à des calculs compliqués, mais Feynman 10 ans après, s'est demandé pourquoi les particules prenaient tel chemin plutôt qu'un autre dans le "brouillard" de l'interaction. Et il a retrouvé le principe de Fermat, défini au  XVIIème siècle pour la lumière : le bon chemin est le plus court, autrement dit l'intégrale de son action est stationnaire (toute petite modification autour du bon chemin est forcément plus coûteuse). Et Feynman a inventé ses fameux diagrammes 
Ici une particule interfère avec un potentiel électromagnétique : on a les 3 points d'entrée et de sortie, et on peut appliquer les relations de conservation, de l'impulsion, de la charge, et calculer l'amplitude de transition. Le point de "rencontre s'appelle le "vertex".

Les champs ne sont plus des champs, ce sont des particules : le photon pour la force électromagnétique, le graviton (pas encore trouvé) pour la gravité, les gluons pour l'interaction forte et les bosons lourds Z et W pour l'interaction faible.

Il peut y avoir création de paires, si l'énergie est suffisante. Et, à cause des fluctuations quantiques, ça peut arriver dans le vide ; le vide n'est pas "vide", il n'est pas "rien". Comme dit Etienne Klein : "Je : Néant Vide Rien".

Voila, c'est tout pour aujourd'hui.

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