samedi 17 mars 2018

Contre les arguments des syndicats de la #SNCF

Voila, ils ont déjà inventés quelque chose : la grève perlée permanente. Ils feront grève aux jours qui leur conviennent le mieux, et dont ils estiment qu'ils gêneront le public au maximum. Ils en espèrent un fort soutien populaire, et se mettent le doigt dans l'oeil.

Le rapport Spinetta, que je vous conseille de lire, liste les aberrations du système. La SNCF, le fleuron de notre imaginaire collectif, coûte 200€ par an et par français, et les cheminots ne vient pas d'objection à ce que ça augmente. L'Etat, c'est-à-dire vous et moi, dépense 4 milliards d'euros rien que pour compenser le déficit de leur caisse de retraite, problème dont Sarkozy avait dit en son temps qu'il était réglé. Mes lecteurs savent que c'était évidemment bidon.

Pour faire des économies sans se remettre en cause, c'est la maintenance qui a été sacrifiée, et surtout sur les lignes les plus chargées, comme celles du RER. Il y a des accidents, des coupures totales comme à la gare Montparnasse, des retards quotidiens sur les RER A et B. C'est devenu une entreprise Shadocks, qui pompe, pompe, pompe.... et qui bloque le pays juste en parlant d'eux.

Mais voila, le grand argument, c'est l'épouvantail représenté par France Télécom. Et il est fallacieux.

Parce que le changement à France Télécom a commencé en 1991, passage d'une administration à un EPIC. Il faut rappeler qu'à l'époque, les concurrents étaient déjà sur le marché : SFR et Bouygue. Michel Bon est arrivé en 1995, avec pour objectif l'ouverture du capital (que les syndicats ont appelé "privatisation", alors que l'Etat est encore maintenant, 20 ans après, l'actionnaire de référence, sans lequel rien ne se fait), qui a été fait en 1997 (malgré Jospin...).

Vous n'avez jamais entendu parler de ce qui s'est passé en interne jusqu'en 2002. Et pourtant, l'unification de la gestion du personnel sous un référentiel unique pour les contractuels comme pour les fonctionnaires, ce qui a permis la gestion de la masse salariale (+2% par an pour le GVT à la SNCF, c'est-à-dire que c'est automatique et qu'on n'y peut rien) ; la suppression des "cantines PTT" et des "garages PTT", symboles s'il en est de la "cogestion par la CGT. Des restructurations nombreuses : suppression, fusions de service, des changements de métiers accompagnés de formation et d'incitation. Et un repositionnement en faveur du client. Mais tout ceci a été occulté par ce qui s'est passé en 2002.

En 2002, Chirac est réélu par surprise, grâce à M Le Pen (dans la famille, le grand-père). Alors une bande d'escroc a pris le pouvoir, par une espèce de coup d'état : profitant de la bulle internet, les commissaires aux comptes ont publié des comptes où ils avaient tellement chargé de provision une situation qui continuait à dégager un fort cash-flow que c'en était absurde. Par exemple : une provision s'il se passe ceci, et une autre ou s'il se passe cela. Il ne faut pas additionner ces deux risques qui s'excluent, mais prendre au mieux la pire des 2 solutions. La campagne de presse s'organise : France Télécom en faillite, 20 milliards de déficit, l'action dévisse en bourse à 6.85€, moins que la valeur des simple actifs. Bon est poussé à la démission.

Et donc c'est, comme prévu, un copain de Chirac (et de Raffarin, premier ministre) qui est nommé en 2002 pour "sauver" l'entreprise, Thierry Breton, qui apportera dans ces valises quelques tueurs:  Louis-Pierre Wénès (associé d'une compagnie de service sollicitée par faire le bilan, et qui bloquera tous les achats sans vouloir le savoir) ;  Olivier Barberot, un DRH venu que l'Université Pasqua, cynique et sans scrupule; un adjoint venu de Thomson borné comme une bûche, et ses porte-flingues personnels. Ils affichent vite leur mépris pour tous ce qui avait été fait, mettent un plan drastique d'économies, y compris sur ce qui faisait gagner de l'argent, et se servent largement sur la bête : le salaire du président quadruple (quintuple avec les primes) du jour au lendemain, ils imposent la 2ème classe à tout le monde, mais louent des Falcon...

J'ai entendu cette phrase : "fonctionnaires, je vous annonce une grande nouvelle, vous allez pouvoir partir", ce qui se transformera vite en "foutez-le camp, par la porte ou par la fenêtre".

En 2005, son ami Chirac nomme Breton (beau-frère de François Barouin, tout s'explique) au ministère des finances, où il déploiera son talent en privatisations (les autoroutes, une grande réussite pour Vinci, Eiffage, etc), en finances (le "bouclier fiscal"), et en window-dressing (7 milliard d'euros caché sous le tapis au 31 décembre, pour montrer qu'il avait réduit le déficit. (NB : tout ceci est dans les rapports de la Cour des Comptes). Breton nomme à sa place un rigolo gentil de style gros-Nounours : Didier Lombard ne lui fera pas d'ombre, et s'occupera à faire joujou en technique ; le cloud en particulier. Et pourra continuer à faire pousser son arboretum personnel.

Lombard laisse la bride sur le cou aux tueurs, qui lancent les projets "ACT" (traduit en "Allez, Casse-toi) et NExT, avec l'objectif inavoué de faire un plan social, sans appliquer la loi sur les plans sociaux : aucun accompagnement, aucune incitation. Et le résultat ne se fait pas attendre : vague de suicide. Leurs responsabilités sont étudiées par  un juge d'instruction, et je parie que ce procès ne sera jamais audiencé : ils mourront dans leur lit, riches. Mais Breton n'est pas inquiété : ça s'est passé après lui, il a les mains propres, alors qu'il avait lancé la machine infernale. Il est parti continuer à faire fortune chez Atos. Grand bien lui fasse, si sa conscience le laisse dormir.

Donc, ce n'est pas la privatisation qui est à l'origine du drame, c'est la politique irresponsable, méprisante, indigne, de Thierry Breton et de ses sbires.

Ma conclusion : que la SNCF fasse déjà l'effort que France Télécom a fait de 1991 à 2002, et que le gouvernement ne mette pas à sa tête un cow-boy comme Breton.

On verra après pour savoir si on doit les plaindre. Mais c'est bien trop tôt....






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