samedi 27 octobre 2018

Qui paie ta retraite?

Grâce au débat sur les retraites et sa prochaine réforme, on en apprend un peu plus sur les caisses de retraite. C'est digne du regretté Ubu, mais il faut savoir que chaque caisse emploie des milliers de gens, et surtout fournit des sinécures bien payées pour leurs dirigeants, qu'ils soient patronaux, syndicalistes ou fonctionnaires.

A Pour les salariés, on trouve
  1. La MSA pour les salariés de l'agriculture
  2. La CNAV pour les salariés de l'industrie, du commerce et des services, les enseignants du privé, les contractuels de l'Etat et des collectivités locales
  3. Le FSPOEIE : fonds spécial des pensions des ouvriers des établissements industriels de l'Etat.
A cela s'ajoutent les régimes complémentaires :


       4 L'ARRCO 
       5 l'AGIRC
       6 l'IRCANTEC pour les contractuels
       7 la CRPN pour les personnes navigants
       8 la RETREP pour les profs du privés

Et, à part, les régimes spéciaux, qui depuis Sarkozy sont "alignés" (enfin, presque) :
     10 La Banque de France
     11 la CNIEG, pour les gaziers et électriciens
     12 La CRPCF pour la Comédie Française
     13 La CRPCEN pour les employés des notaires et autres clercs obscurs
     14 L'ENIM pour les marins
     15 La CROPERA pour l'Opéra de Paris
     16 Le Port Autonome de Strasbourg
     17 La RATP
     18 La SNCF

B Pour les fonctionnaires :
     19 Le Service de Retraites de l'Etat, pour les fonctionnaires de l'Etat, les magistrats et les militaires (On dit qu'ils sont inscrits dans "Le Grand Livre")
     20 La CNRACL pour les fonctionnaires territoriaux et hospitaliers
     21 La Caisse de retraite des agents de l'Assemblée nationale
     22 La Caisse de retraite des agents du Sénat

auxquels on ajoute 
     23 la RAFP, la retraite additionnelle de la fonction publique

C Pour les non-salariés :
     24 La MSA pour les agriculteurs
     25 La SSI, la sécurité sociale cdes indépendants
     26 La CNAVPL, la Cnav des professions libérales, avec en complémentaires :
              27 La CPRN pour les notaires
              28 La CAVOM pour les huissiers, les greffiers des tribunaux de commerce,  et les commissaires priseurs
              29 La CARMF pour les médecins
              30 La CARCDSF pour les dentistes et les sages-femmes
              31 La CAVP pour les pharmaciens
              32 La CARPIMKO pour les auxiliaires médicaux
              33 La CARPV pour les vétérinaires
              34 La CAVAMAC pour les assureurs
              35 La CAVEC  pour les experts comptables
              36 La CIPAV pour les indépendants
              37 La CNBF pour les avocats
     38 les artistes et auteurs d'oeuvres originales sont à la 2 CNAV et à l'IRCEC
     Les patrons pêcheurs sont aussi à 14 l'ENIM
     39 La CAVIMAC pour les membres des cultes (plus 4 l'ARRCO)
     40 La RAVGDT pour les gérants de débits de tabac
     41 La caisse de retraite de l'assemblée Nationale
     42 La caisse de retraite du Sénat

Vous me direz qu'un pays qui a 365 variétés de fromages peut bien avoir 42 organismes de retraites, chacun avec sa niche, et bien sûr son chien de garde.

Mais ce serait une erreur de croire qu'on en a fait le tour. Car il y a des caisses régionales liées à l'histoire : par exemple, les caisses d'Alsace-Moselle qui paient mieux - pour des gens qui, il est vrai, cotisent plus.

Et je ne sais rien en ce qui concerne l'outre-mer, où ce ne doit pas être triste non plus.

Bon courage!

mercredi 17 octobre 2018

Comment lire "A la Recherche du Temps Perdu" de Proust?

C'est une question qu'on me pose parfois, et une de mes connaissances me le demandait encore il y a peu, avec tant d'insistance que je me résous à vous livrer quelques réflexions.

Il y a déjà la question du pourquoi lire Proust. Il faut faire confiance à ceux qui s'y sont déjà lancés et qui en sortent enthousiasmés. Oui, mais encore? Parce que c'est la plus fabuleuse galerie de portraits qui ait jamais été écrite. Et encore parce qu'on y apprend à regarder les tableaux, dont il a une connaissance insondable. Surtout parce qu'on y apprend à vivre, non par l'exemple mais par la métaphore. Lisez plutôt, il le dit lui-même :

"On peut faire se succéder indéfiniment dans une description les objets qui figuraient dans le lieu décrit, la vérité ne commencera qu'au moment où l'écrivain prendra deux objets différents, posera leur rapport, analogue dans le monde de l'art à celui qu'est le rapport unique de la loi causale dans le monde de la science, et les enfermera dans les anneaux nécessaires d'un beau style, ou même, ainsi que la vie, quand, en rapprochant une qualité commune à deux sensations, il dégagera leur essence en les réunissant l'une et l'autre, pour les soustraire aux contingences du temps, dans une métaphore, et les enchaînera par le lien indescriptible d'une alliance de mots."

Ah, cette phrase "l'écrivain ... les enfermera dans les anneaux nécessaires d'un bon style... par le lien indescriptible d'une alliance de mots"! Car c'est un miracle de découvrir d'aussi belles perles au détour d'une phrase... Pour ma part, je suce comme un bonbon les adjectifs : "le double tintement timide, ovale et doré de la clochette..."

Je m'égare... Pour commencer, il est utile de disposer de quelques repères. D'abord Un amour de Swann peut se lire séparément, sachant que cet épisode d'une vie ratée, qui se suffit à lui-même, n'est que le prélude à l'ensemble, la première arche de ce qui deviendra une cathédrale. La vie du Narrateur aurait pu finir ainsi...

Je recommande aussi les excellentes BD éponymes de Stephane Heuet, chez Delcourt. Rien que des citations, avec un dessin délicat qui donne envie.

Ensuite, il est bon d'avoir auprès de soi un accès à Wikipedia, pour avoir une reproduction des tableaux dont le Narrateur nous parle. Vous perdez beaucoup, par exemple, en ne connaissant pas "la Charité" par Giotto, dont le Narrateur parle si bien.

Un ami très proche m'a offert un livre reproduisant, en face du texte, tous les tableaux- ou presque- évoqués. Un vrai livre de chevet.

Enfin, il n'est pas inutile de feuilleter le dernier tome dans la Pléiade : il y a là un dictionnaire des personnages. On repère bien sûr les principaux : le Narrateur, bien sûr, Maman, la Grand-Mère, Françoise (la bonne de Madame Octave), Madame Verdurin, Gilberte, mais on s'y perd un peu dans les titres de noblesse qui évoluent avec le temps : la princesse des Laumes devient la duchesse de Guermantes, et c'est un détail qui peut échapper. Et Madame Verdurin finira comme ...Non, je ne spoilerai pas!

Le peintre Elstir, le musicien Vinteuil, l'écrivain Bergotte, le docteur Cottard seront vite des connaissances. Vous verrez comment la haute noblesse tout autant que le petit peuple s'amuse, et vous en serez ébaubis. Vous frémirez à leurs turpitudes, en souriant de leurs réparties. Odette, Legrandin, Bloch, Charlus, Saint-Loup, Madame de Saint-Euverte, le giletier, s'intégreront dans votre univers comme ils sont dans celui du Narrateur.

Vous attendrez les passages célèbres, la madeleine trempée dans du thé, la mort de Bergotte devant un Vermeer (la "Vue de Delft", avec son petit pan de mur jaune, "si bien peint"), les pavés inégaux, les clochers de Martinville. Et tous les autres qui entreront dans votre panthéon personnel.

Vous vous méfiez des phrases longues? Méfiez vous plutôt de ceux qui ne savent pas lire, et ne sentent pas la respiration du texte. La phrase la plus longue concerne les fenêtres, à propos de celles du Grand Hôtel de Balbec, et elle se lit d'un trait. Mais il est vrai qu'il faut rentrer dedans, comme dirait Françoise.

Bon courage!

Le dernier point sur les vaccins

Hier 14 juin 2021, le Président Macron tenait une conférence de presse à l'issue du conseil de l'OTAN, et de sa conversation avec...