lundi 28 mai 2018

Le pape aggrave son cas

Décidément le pape fait tout ce qu'il peut pour décourager ses fidèles de la Vendée et de la Seine-et-Oise...

Les adhérents de la Manif pour Tous, de Sens Commun et des Amis de François Fillon sont tous en PLS. Je vous explique.

Déjà, il avait dit que les migrants étaient des hommes. Autrement dit, qu'ils appartiennent à l’espèce humaine et qu'en tant que tels, on ne pouvait les virer comme de simples déchets, les traiter comme du bétail, bref les renvoyer se faire tuer chez eux entre eux. Inutile de dire que la catho-facho-sphère s'en était émue sur le thème "c'est pas mon pape".

Mais ça, ce n'était que le début.

La semaine dernière, le pape vire, un peu comme Trump l'aurait fait, tout l'épiscopat chilien! Après 3 jours de retraite avec eux, où il leur a remonté les bretelles : vous m'avez fait de faux rapports, vous m'avez fait dire des conneries lors de mon voyage chez vous, vous avez détruit des preuves, etc, et j'en passe.

Et tout ça à cause d'histoires de pédophilie que ces évêques auraient couvertes, complices les uns les autres d'omerta et de non-assistance aux victimes. Et le pape de dire que ça ne suffit pas de changer les hommes, mais qu'il faut aussi de changer le système (élito-facho) qui a conduit à tolérer toutes ces infamies. Une attaque directe, selon les spécialistes, contre la politique mise en place par le regretté Pinochet, celle d'une Eglise destinée avant tout à assurer l'ordre social pour ne pas gêner la tranquillité publique et la bonne marche des affaires.  Et à lutter contre les communo-marxistes qui sont le diable (surtout eux).

Et, pour couronner le tout, il reçoit une victime au Vatican, un certain Juan Carlos Cruz, et lui dit (j'ouvre les guillemets, parce que c'est Juan Carlos qui le raconte, et il n'y avait pas de témoin) : "Juan Carlos, que vous soyez gay importe peu. Dieu vous a fait ainsi et vous aime ainsi. Cela n’a pas d’importance, a-t-il déclaré. Le Pape vous aime ainsi. Vous devez être heureux de ce que vous êtes".

Là, vous comprenez pourquoi il y en a qui ne sont pas contents, pas contents du tout!

Mais ce n'est pas fini, il attaque sur un autre front : le fric. Il a autorisé la publication d'un texte Oeconomicae et pecuniariae quaestiones. Considérations pour un discernement éthique sur certains aspects du système économique et financier actuel. Et voila qu'il balance sur la finance immorale qui prive l'économie réelle de financements, sur l’amoralité de l'utilisation excessive des "paradis fiscaux", des "subprimes", des "LBO", des "titrisations", enfin tout ce qu'on peut inventer pour gagner à la Bourse. Bref tout ce qui permet, non seulement de s'enrichir en dormant, mais plus grave, de s'enrichir (beaucoup) sur le dos des pauvres (nombreux). Alors que c'est un fondement de l'économie moderne!

D'après lui, ça démolit le tissu social, ça fait monter les extrêmes. CQFD, et Marion Maréchal en est toute ravie. Et de dire qu'on verra encore des crises majeures parce qu'on n'a pas introduit les régulations nécessaires après la crise de 2008, notamment parce que les institutions financières sont devenues plus puissantes que les Etats. Quelle injure pour Sarkozy!

Bref, il commence à me plaire ce pape! Pourvu qu'il ne se fasse pas empoisonner...






jeudi 10 mai 2018

samedi 11 mai 1968, rue Gay-Lussac

Je vais vous parler d'événements dont vous n'avez jamais entendu parler, et d'abord, vous n'étiez pas né.

Depuis le 22 mars 1968, c'était un peu le foutoir dans les universités, d'abord à Nanterre, puis partout. Les étudiants étaient revendicatifs, et la strass débordée.

Le 3 mai, les étudiants occupent la Sorbonne, et la flicaille, requise par le recteur, l'évacue à grand renfort de matraques et de gaz lacrymogènes. Le résultat le plus probant de cette décision est de révolter absolument tous les étudiants contre les CRS (on invente CRS-SS), contre toutes les hiérarchies, contre le gouvernement..

La semaine est agitée.

Vendredi 10 mai, il y a une manif de Denfert au quartier latin, que les étudiants décident de barricader, puisque la police s'est elle-même barricadée dans la Sorbonne. Un témoin se souvient :

"L’atmosphère était assez détendue. Les étudiants faisaient groupe autour des voitures de presse. Certains manifestants s’affairaient autour des barricades élevées près de la rue St-Jacques, la rue continuait à se dépaver par plaques, on transportait des troncs d’arbre, on démolissait des chantiers, on clouait des planches, par manière de jeu. Toute animosité était absente. On aurait dit une vaste kermesse. Quelquefois, des slogans fusaient, repris, amplifiés par des milliers de bouches, telles des vagues qui allaient mourir au pied du rempart de la rue St-Jacques. La Marseillaise suivait l’Internationale. Il faisait froid, beaucoup marchaient, beaucoup s’étaient assis sous les portes cochères. "

La "kermesse" dure la soirée, et on s'installe pour la nuit, tranquillement. 

Pendant ce temps, Pompidou étant en balade en Afghanistan, les ministres les plus bêtes du parti godillot (on disait UR-Vème, après UNR et avant UDR), Fouchet (Intérieur), Peyrefitte (Education nationale),  Joxe (Justice), se consultent sur le thème "Force doit rester à la loi", "faut virer les gauchistes","c'est un coup d'état communiste", etc, et contre l'avis du préfet de police Maurice Grimaud, ordre est finalement donné de détruire les barricades "pour permettre, en particulier, d'assurer le ravitaillement des commerces".

Ils commencent vers 2 heures du matin, et finissent vers 5 heures, le 11 mai. Notre témoin raconte :


"Parisiens avec nous, scandent les étudiants. L’attaque n’avait pas été annoncée. La panique gagne. Les premiers barrages sont en feu. On en improvise d’autres, avec des voitures. Des brasiers s’allument, sinistre clarté dans une nuit hachée de déflagrations de plus en plus violentes. On étouffe. On se sent à la merci d’une grenade et on reste là, la fenêtre grande ouverte, fasciné.

La foule gronde, hurle d’indignation, de douleur, d’épouvante à chaque explosion. Elle recule. Imperceptiblement d’abord. Les barricades de la rue St-Jacques l’empêchent de s’écouler librement. A la hauteur de la rue Royer-Collard, les casques brillent. Ils sont là. Tout se confond. Les fenêtres se ferment. L’incendie fait rage. Les flammes semblent lécher les rideaux. Des silhouettes se tordent et disparaissent."

Au petit matin, on a l'impression d'une scène de guerre : "Il est plus de 4 heures. Le jour se lève. On voudrait avoir rêvé. Il s’est passé quelque chose d’irrémédiable. Des taxis, à la base du Luxembourg, recueillent les blessés. La rue offre un spectacle insoutenable, dans la lumière blafarde de l’aube ? Sur la chaussée grisâtre, gluante, ce sont des dizaines de voitures, -grotesques squelettes calcinés.
Quelques journalistes, attirés comme des mouches autour d’un cadavre, prennent des photos. Il faut émouvoir les foules. Il faut vivre.
De temps en temps, on aperçoit un brancard. Des prisonniers descendent vers le boulevard, les bras croisés, encadrés par les CRS. On a l’impression d’un gâchis démesuré, monstrueux".

Prévenu de ce beau résultat, Pompidou rentre précipitamment de Kaboul, et fait savoir sèchement qu'il est temps d'arrêter les conneries. Il donne l'ordre de rouvrir la Sorbonne.

Mais l'effet le plus immédiat de cette "victoire sur le champ de bataille" est surtout l'entrée des syndicats dans la grève générale, et la manif du 13 mai réunira plus d'un million de personnes (17 000 selon l'ORTF). On n'a pas encore défini la théorie du dentifrice : il est facile de le sortir du tube, mais très difficile de le faire rentrer.

Plusieurs effets à long terme :
  • les rues sont dépavées en urgence pendant l'été (on ne célébrera jamais assez le "pavé de mai 68", qui tenait si bien dans la main) pour mettre partout de l'immonde bitume.
  •  la police stationnera en grand nombre de juin 68 à mi 74 dans le quartier latin, encombrant tous les trottoirs, prête à se jeter sur n'importe qui, et passant le temps à jouer aux cartes ou à lire des revues "pour adultes"...
  • les polytechniciens, qui avaient le malheur d'habiter dans le quartier, ont été déportés, provisoirement de septembre 68 à février 69, durablement sur le plateau de Saclay, dans la boue, sans voisin et sans transport.








mardi 8 mai 2018

Avion : 1

Il y a longtemps que je voulais vous expliquer ce que j'ai compris du vol des avions.

Le temps de référence est le temps universel UTC, temps universel coordonné, dit aussi GMT (temps moyen de Greenwich), ou "Zoulou". Il faut enlever 2 heures à notre heure d'été française"locale" pour s'y retrouver. .

Il faut déjà  repérer l'avion par rapport à des axes fixes, et pour cela on définit la position de son centre de gravité :
  • la projection sur le géoïde  renvoie ses coordonnées géométriques classiques : latitude ( de -90 à +90 degrés, le zéro correspondant à l'équateur), et la longitude (de 180 degrés Est à 180 degrés Ouest, en passant par zéro, qui est le méridien de Greenwich). L’évolution dans le temps de ce point projeté  définit la route.
  • l'altitude : est mesurée vers le bas. Elle est donc positive, sauf exception.
  • on définit ainsi un repère lié au centre de gravité : X pointe "dans la direction de l'avion" mais horizontalement, Z vers le bas, et Y complète le  repère  :  Y= Z Ù  X (Y pointe donc vers l'aile droite de l'avion)
On peut alors y rapporter le vecteur vitesse de l'avion (tangent par définition à la trajectoire) :
  • c : angle de la projection du vecteur vitesse sur l'horizontale, par rapport au nord géographique 
  • g : pente de l'avion, sa vitesse "ascensionnelle", souvent mesuré en pieds/minute (de temps)
Le pied est de 0.3048 mètres. (Ces mesures anglo-saxonnes compliquent tout, les américains ont planté une fusée à cause d'une confusion dans une spécification, tant pis pour eux.)

On y rapporte aussi la position de l'avion par rapport à son centre de gravité, par les 3 angles d'Euler :
  • Y : c'est le cap, angle de la direction du nez et du nord géographique
  • q : l'assiette, angle entre l'axe de l'avion et l'horizontal, qui est "à piquer" ou "à cabrer".
  • F : l'angle de gite, lui aussi par rapport à l'horizontal.
Enfin, on a besoin aussi de la direction du vent par rapport à l'avion :
  • a : mesuré par rapport au fuselage, c'est l'incidence.
  • b : le dérapage. On vise qu'il soit nul, mais son effet peut être fort à l’atterrissage (voir les horribles vidéos des pires atterrissages, par exemple ici : youtube1.
On a la relation a, comme vous vous en assurerez facilement, et qui signifie que l'avion ne va pas dans la direction de son nez.

Tout ceci est facile à comprendre, mais il y a une chausse-trappe : c'est l'altitude. La norme n'est pas l'altitude réelle (dite parfois altitude GPS), mais l'altitude-pression, ce qui sous-entend qu'on mesure  l'altitude qu'aurait l'avion s'il volait dans une atmosphère standard.

L’atmosphère standard est définie par une norme (dite ISA) :
  • au niveau du sol, la pression est de 1013.25 hPa (hecto-pascal), mais pour caler les altimètres, on le fait en "pouce de mercure" 29.92 inHg (!), et la température est de 288.15°K (degré Kelvin, soit 15°C)
  • la température baisse de 6.5°C par 1 000 mètres jusqu'à 11 000 mètres, puis reste constante à 213.65°K (-56.5°C) jusqu'à 20 000 mètres, ce qui nous suffit.
En fonction de ces valeurs initiales, et en utilisant la loi des gaz parfaits, on sait calculer la pression "standard" pour chaque altitude : c'est la pression au niveau du sol, multiplié par une exponentielle décroissante. Donc en réglant l'altimètre sur la pression au niveau de la m (calage QNH), ou sur celle de la piste (à l'altitude relative nulle : réglage QFE), on obtient par la lecture du cadran une altitude dite "altitude-pression" qui sert à la navigation. Entre aéroports, on se cale sur "1013", et tout va bien.

Ce n'est donc pas l'altitude vraie, mais comme tous les avions ont la même convention, ils ne risquent pas de se rentrer dedans (en théorie voir : youtube2).

Cette altitude s'appelle le "niveau de vol", Flight Level en anglais, mesuré en centaines de pieds. FL310 indique que l'avion volerait au niveau 31 000 pieds si l'atmosphère était "standard", et en réel à environ 10 000 mètres, à 10% près. Les avions allant dans des directions différentes sont séparés d'au moins 1 000 pieds, ce qui assure la sécurité.

On aura besoin aussi la masse de l'avion. Elle n'est pas mesurée, elle est calculée. En effet, il y a la masse fixe de l'appareil, le poids des passagers (variable), et le poids du carburant, qui est déterminé en fonction des caractéristiques de l’avion, des masses précédentes, et du trajet à parcourir.

On peut se tromper : un avion (américain) s'est crashé parce que, comme l'enquête de NTSB l'a démontré, le poids était sous-estimé. la règle voulant qu'un passager a un poids moyen de l'ordre de 150 livres. Mais dans ce vol, il y avait beaucoup d'adultes plutôt "fat" : une erreur de 20kg par passager pour 100 passagers, ça fait 2 tonnes. Boum...

Autre gag, américain aussi : un commandant de bord commande 10 tonnes de carburant. Le technicien qui fait le plein se trompe, et met 10 000 litres. La densité du carburant est assez faible, de l'ordre de 0.8. L'avion a donc eu une panne sèche en plein vol.

A suivre...

Le dernier point sur les vaccins

Hier 14 juin 2021, le Président Macron tenait une conférence de presse à l'issue du conseil de l'OTAN, et de sa conversation avec...