mardi 4 mars 2008

Laurent, serrez ma haire avec ma discipline!

Laurent, serrez ma haire avec ma discipline,
Et priez que toujours le Ciel vous illumine.
Si l'on vient pour me voir, je vais aux prisonniers
Des aumônes que j'ai partager les deniers.


Oui, c'est bien un extrait du Tartuffe, de Molière, en 1664.
Le problème est que le 1er vers est incompréhensible pour notre jeunesse : serrer? haire? discipline? Attention : il ne donne pas son argent, mais celui qu'il a reçu d'autres personnes.

Faut-il dire :
Conchita, rangez mon chapelet avec mon "Magnificat",
Et priez pour que toujours vous fassiez ce qu'on vous dit.
Si l'on vient pour me voir, je vais dans le quartier
Distribuer à chaque Roumaine une pièce qu'on m'a donnée .

Ces difficultés de langages éloignent de ce texte pourtant très violent contre les "dévots", notamment ceux de la compagnie du Saint-Sacrement, du moins ceux que l'on peut considérer comme hypocrites ou "faux dévots".

Et pourtant, que ce texte est réjouissif!

Couvrez ce sein que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
et cela fait venir de coupables pensées. »


« Ah ! pour être dévot, je n’en suis pas moins homme ! »

« Le Ciel défend, de vrai, certains contentements
Mais on trouve avec lui des accommodements.
»

« Le scandale du monde est ce qui fait l’offense,
Et ce n’est pas pécher que pécher en silence. »


Et ce dialogue :

ELMIRE Que fait là votre main?
TARTUFFE Je tâte votre habit, l'étoffe en est moelleuse.
ELMIRE Ah! de grâce, laissez, je suis fort chatouilleuse.(Elle recule sa chaise, et Tartuffe rapproche la sienne.)
TARTUFFE Mon Dieu, que de ce point l'ouvrage est merveilleux!
On travaille aujourd'hui, d'un air miraculeux;

Jamais, en toute chose, on n'a vu si bien faire...

Un joli bal des faux-culs, qui amusa bien Louis XIV, jusqu'à ce que Mme de Maintenon le ramena dans le "droit chemin".

En réaction, le Régent et Louis XV firent de leur débauche un théâtre permanent. Les couvents devinrent des endroits à la mode, où l'on jouait et se divertissait. M de Rohan fut nommé évêque de Strasbourg, construisit de beaux palais et se fit rouler dans l'Affaire du Collier.
A Autun, c'est M. de Talleyrand-Périgord qui coiffa la mitre. Il était boiteux, et ne pouvait donc aller aux armées, on lui donna les ordres. Il avait de l'esprit, celui du Diable. Il se vengea cruellement de son infortune.
Fouché était oratorien. Il se fit policier.

Rohan ridiculisa sa charge, Talleyrand acheva la décomposition de l'église de France. Fouché fit défiler un âne mitré, portant un calice autour du cou. La persécution religieuse se déchaina.

Foin des Tartuffes, des faux-dévots, des culs-bénis et des grenouilles de bénitiers! On ne sait quelles catastrophes ils préparent. Voila un thème pour M Guaino et Mme Mignon, quand ils auront retrouvé leur esprit.

1 commentaire:

Unknown a dit…

"Laurent, serrez ma haire avec ma discipline"... "Serrer" signifie "ranger". Ma grand-mère en Limousin serrait les couvertures dans l'armoire — et j'utilise encore ce verbe désuet. En signe de pénitence mon grand-père portait la "haire", chemise de toile rugueuse qui irrite la peau. La "discipline" était un fouet dont s'autoflagellaient les pénitents.

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