mercredi 13 février 2008

Perdre son âme : et après?

Je prolonge les réflexions d'hier.

On a vu à quelles extrémités étaient poussés les patrons et leurs entourages pour gagner encore plus d'argent. Non pas tant qu'ils en aient besoin pour vivre, mais parce que c'est la mesure de la réussite : il faut être dans Forbes!

Pour les politiques, c'est un peu différent : toute leur énergie a été focalisée sur le but suprême, pendant des années, des décennies même, au prix d'un réel effort. Et quand ça arrive enfin, il leur prend un sentiment de toute-puissance, une libération totale de toutes les contraintes et barrières -y compris morales-, une imprévisibilité déconcertante...

Le pouvoir rend fou, le pouvoir absolu rend fou absolument! Les opposants voient leurs pires craintes se réaliser, les partisans commencent à paniquer : leurs sorts sont liés, hélas, au sien.

Les exemples ne manquent pas : Caligula nomme Consul un de ses chevaux. Richard II, comme le montre si bien le fin William (Shakespeare), perd toute sa légitimité, et finalement son trône, à force de caprices et d'incohérences. Père Ubu passe tout le monde à la trappe, merdre alors!

Voyez aussi Boris Godounov dans Pouchkine (il meurt de remords), Philippe II dans Don Carlos (il a piqué la fiancée de son fils). Comme il s'agit de personnages puissants, et, par certains côtés fascinants, ils sont les personnages centraux des historiens et des écrivains.

La fin est souvent tragique. Parfois ça se passe bien pour l'heureux élu : il devient dictateur, envoie tout le monde en prison, et meurt dans son lit. Mais quelles souffrances pour le peuple!

Mais souvent, le processus est interrompu : un autre réussit à l'assassiner et à prendre sa place. Ou bien, on arrive à s'en débarrasser à temps. Ou bien, un miracle fait qu'il disparait subitement.

Nous avons tous les symptômes de tels dérèglements. Une sorte de schizophrénie, où le rêve prend la place des réalités, où les faits sont priés de se plier à des injonctions contradictoires. Un mépris puissant contre ceux qui disent que "le Roi est nu", mais aussi, de plus en plus, contre les collaborateurs, les ministres, la presse, et bientôt le monde entier...Est-ce alors de la paranoïa?

La solution a été donnée hier par M de Villepin, un spécialiste : il doit "rentrer en lui-même" pour réfléchir, se transformer, agir enfin dans l'intérêt général. Certes!

Le plus vraissemblable est la fuite en avant : lancer plein de réformes à la fois, les déclarer réussies dès qu'on les a définies, se méfier de tout, virer des gens en forme de boucs émissaires, promouvoir des ânes (il n'y a plus beaucoup de chevaux), poursuivre son rêve dans sa tête et faire partager son délire, profiter de chaque instant (pas de Carpe Diem, mais Bling-Bling). Ensuite, ce sera l'internement, ou le syndrome de l'échec .

Il faut cesser ce processus au plus tôt.

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