samedi 8 mars 2008

Journée des femmes

Poème de Etienne Dufau (1945), que j'ai l'honneur de vous faire découvrir, peut-être..
Devinez quel est le castel de la mort lente...?

Double ballade que fit François Villon l'escholier pour damoiselle de Cognac à destination de Dame d'istoires après s'être fort esbaudi de poèmes d'icelle,



Femmes d'ailleurs qui pauvrement vivez
En constants soins de marmots à logis,
Femmes d'ailleurs qui durement trimez
Et qu'à grand tord on impute à mépris,
Sachez que ci sont dames de jadis,
Entre hauts murs Montmorency bastis,
Pour assurer et garder maintenance
D'us anciens qu'Intendante régente
Avec étoile et tour de col garance
En ce castel qu'on dit de la mort lente.

Escaliez qui sans fin descendez
Et que les ans jour à jour ont démis,
Plus ne menez vers sites enchantez
Où règne Amour et ses jeux et ses ris…
De mes doux ans sont tous espoirs ternis,
Aussi plaisirs à jamais engloutis
Dont je n'aurai pour lors la recouvrance
Puisque tout va roulant dessus la pente
De ce castel qui est de Renaissance,
Castel aussi qu'on dit de la mort lente.

Et Verte va par corridors gelés
A menus pas encore mal appris,
Et Violettes à pétales séchés
S' alanguissant loin des printemps permis.
Aurore, aussi partant à Saint-Denis,
Cervelet plein de bachotants soucis,
Et nous toujours en totale constance
Demeurerons en douloureuse attente
Car il n'est point pour nous de délivrance
En ce castel qu'on dit de la mort lente.

Dessous ciel gris noirs corbeaux qui passez
Semblant lancer de fatidiques cris,
Messagers noirs venant des trépassez
Et torturant sans cesse nos esprits,
Que voulez vous à nos corps alanguis?
Errant ainsi dessus ces lieux maudits
Attendez-vous infernale pitance
D'entre ces murs d'où suinte et relente
Ennui de tout par défaut de plaisance
En ce castel qu'on dit de la mort lente.

Et vous Toscan qui les enfers peignez
Où scélérats sont par flammes brasis
Et réprouvés à jamais condamnés,
Sachez que ci sont mêmes lieux maudits.
Veuille Jésus nous mettre en paradis
Par Notre-Dame et tous saints réunis
Car c'est languir en la désespérance
Que de n'avoir ni domaine ni rente
Mais damoiselles à longue surveillance
En ce castel qu'on dit de la mort lente.

Femmes d'ailleurs, plaignez et replaignez
Celles qui sont sans chevaliers amis
Et que l'oubli sèche en ces lieux ventés
Voyez leurs corps qui sont déjà froidis,
Voici Talma sur chaque épaule mis
Par dessus tout morne De Profundis,
Cierges autour en funèbre brulance
Et Libéra dict en chapelle ardente
Car la mort seule assure la partance
De ce castel qu'on dit de la mort lente…


Envoi :

Prince charmant prenez la complaisance,
Vers la mi-nuit, si tel exploit vous tente,
De délivrer celle qui souffre attente
Et se languit de sa désespérance
En ce castel qu'on dit de la mort lente....

1945

5 commentaires:

Anonyme a dit…

je donne ma langue au chat

Anonyme a dit…

les maisons d'éducation de la LH ?

François a dit…

A Geoffroy : mais encore?

Anonyme a dit…

Pour Geoffroy :
Plus précisément le Château d'Ecouen, anciennement Maison d'Education de la Légion d'Honneur, et désormais musée de la Renaissance...
je ne suis pas pistonnée : simple histoire familiale

François a dit…

Bravo Mathilde!

Montmorency, Renaissance, noirs corbeaux dessous ciels gris, tout désigne le chateau d'Ecouen sur sa butte (et maintenant dans l'axe des avions de Roissy).

Très beau Musée effectivement.

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