mardi 3 février 2009

Abolition

Intéressants, ces 2 téléfilms sur l'abolition. Bon, c'est très badinterophile, avec un Charles Berling postillonnant un peu trop. En prime, la semaine dernière, Christophe Hondelatte nous racontait l'affaire Ranucci. La jeune génération n'a sans doute pas perçu tout ça.

Il faut se remettre dans l'époque, identifiée par le cri de Roger Gicquel "La France a peur!" C'était l'affaire Patrick Henry, en 76.

J'avais un peu oublié l'affaire Buffet-Bontems, sinon que Pompidou les avait fait exécuter sous la pression et les menaces des syndicats pénitentiaires. Seulement voila, pendant la prise d'otages, Buffet avait commis le crime, chargé Bontems qui "n'avait pas de sang sur les mains". Bontems aurai dû être gracié, si ce n'avait été la politique.

Et puis l'affaire Ranucci . Un gamin de 22 ans, arrogant, se défendant mal, est condamné à mort après une enquête bâclée, sans preuves, et un procès expéditif. Giscard (76) finalement ne signe pas la grâce, en raison de crimes d'enfant qui ont lieu en même temps et qui affolent "l'opinion publique". Encore la politique... L'ennui, c'est que ce gamin est sans doute innocent. Ce qui veut dire que le véritable assassin de la petite Maria-Dolorès court toujours...

Badinter sauve la tête de Patrick Henry, contre toute attente. Il ne plaide pas pour le criminel, quasiment indéfendable, mais contre la peine de mort en tant que telle. Ce qui est terrible, c'est qu'il était bien plus "coupable" que Ranucci.

En 77 Giscard fait exécuter encore 2 condamnés, qui seront les derniers en France, avant l'abolition de 1981.

On a eu droit aux arguments classiques contre la peine de mort : elle n'est pas dissuasive, elle est irréversible, etc. Mais le plus fort, auquel je n'avait pas pensé, est qu'elle est réclamée par la foule instinctivement, par horreur de la part horrible qui est en tout homme, qui a pris le dessus chez les criminels, et qui pourrait apparaître chez chacun, si des circonstances la faisaient ressortir.

Le refus de la peine de mort est donc vraiment un effort "intellectuel" à faire contre notre inconscient. QI contre QE( Quotient Emotionnel)

Moïse avait innové avec la loi du talion :" oeil pour oeil" veut dire exactement "oeil -mais pas plus- pour oeil". C'est déjà beaucoup demander... Le christianisme demande plus encore : le pardon. Mais il y a des cas où c'est vraiment l'impossible. Alors la peine de mort...

Mais imaginez qu'elle n'ait pas été abolie en 1981 : voyez l'usage parfaitement démagogique et populiste que Sarkozy aurait pu en faire...

J'en tremble.

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