Il y a un problème de vases communicants, que je ne comprends pas bien, j'attendais des éclaircissements de la part de la Cour des Comptes, mais hélas l'homme propose, et Dieu dispose.
Voila il s'agit du "grand emprunt". L'Etat va emprunter 35 G€ aux banques, et va les donner à des institutions, universités, bibliothèque nationale, musées. Ces institutions, dites "opérateurs" en novlang sarkotechnocratique, vont ainsi se constituer des "fonds propres" (propre est ici le mot pour dire "exclusif", et non pas le contraire de sale). Ces fonds propres vont être placés en banque , et l'opérateur pourra vivre des intérêts, sans pouvoir toucher au capital.
La banque, ayant en dépôt de très long terme des sommes importantes, peut ainsi les placer en emprunts d'Etat, de plus court terme. Certes, dans 20 ans, l'emprunt sera remboursé, et les fonds propres seront toujours là. Ça peut se faire, comme il vaut mieux acheter à crédit son logement, que payer un loyer toute sa vie.
Telles sont les données que j'ai pu recueillir, et je m'interroge sur la pertinence de tout ça.
Vu de la banque, le système est parfait si le taux d'intérêt reçu est plus fort que le taux d'intérêt servi. Ou encore si la banque investit cet argent dans des activités plus lucratives que les emprunts d'Etat qui sont encore "TripleA", autrement dit, si elle les met dans les circuits de la spéculation, qui comporte bien sûr un taux de risque plus important. Ce serait une façon pour le Trésor Public de salir de l'argent propre, autrement dit de récolter indirectement de l'argent sur la spéculation, ce qu'il se refuse par ailleurs, et combat officiellement. Impossible!
Vu des opérateurs, le système est un peu neutre, car il ne faut pas croire que l'Etat lui laissera la gestion réelle de ces fonds : tout sera décidé et exécuté par la trésorerie générale, ça ne lui donnera pas un pouce d'autonomie de plus. Il aura à expliquer que, bien qu'on lui ait donné un Milliard, il ne peut en dépenser que 30 millions par an, à la place des 40 millions de fonctionnement que l'Etat lui donnait avant (chiffres estimatifs).
Mais c'est vu de l'Etat qu'il faut analyser, car c'est lui qui a décidé de mettre en oeuvre cette usine à gaz. J'ai entendu l'argument : les universités US ont des milliards de fonds propres, donc on fait comme eux. L'argument est nul bien sûr, pour qui sait comment fonctionnent ces universités, avec leurs fondations, leurs donateurs, leurs conseils d'administration.. Et puis les ordres de grandeurs n'y sont pas.
Donc c'est autre chose, que je m'explique pas. Ça apparaît comme un jeu à somme nulle, au frais financiers près. C'est peut-être ça l'explication du reste. Le Super Président avait décidé de faire "un grand emprunt", sous l'inspiration de sa Pythie préférée, Guaino, qui voulait 100 milliards. Avec 2 anciens premiers ministres, on avait réussi à le convaincre de la ramener à 35, ce qui est à la fois encore beaucoup d'argent, et un peu faible pour un emprunt "grand".
Mais si on donne l'argent de l'emprunt en fonds propres à des administrations ou à ses opérateurs, la dette nette de l'Etat ne change pas. J'espère que les comptables arrivent à me suivre jusque-là. On pourra donc ajouter aux éléments de langage que le grand emprunt n'augmente pas la dette, et dire "bravo l'artiste"!
Il y a juste un effet collatéral : "les investissements d'avenir" que l'emprunt devait financer ne se feront pas. Ce n'est pas grave : l'important est d'emprunter, puisque telle était sa volonté. Le reste est un rideau de fumée...
Quelqu'un a une meilleure explication?
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3 commentaires:
"Ils n'auront pas un sou, tu m'entends, pas un sou!"
Elvire dans le film "Le viager"
Mais, M Slobodan, on ne vous demande pas votre avis. L'emprunt se fera directement auprès des banques, pas auprès des particuliers, faites moi confiance!
La France ne pourra bientôt plus emprunter dans de bonnes conditions sur le marché et pour prendre une respiration dans la course folle aux dépenses, Sarko se doit de recourir à l'emprunt auprès des particuliers ou des banques , ce qui revient au même surtout si le système financier, qu'il faut sauver à tout prix,l'est par l'Etat lui même.
Mais Sarko ferait une erreur magistrale en ne limitant pas les dépenses de l'Etat comme le suggerait le gros gisant de son vivant mais sans y croire une seconde.
En effet, les banques se refont sur les banques centrales tout en pretant aux particuliers à des taux faibles mais en obtenant des taux encore plus bas des banques centrales, ce qui fragilise ces dernières comme jamais.Le deuxième effondrement du système va survenir à cause de ce faux-semblant, de cette fausse impression de sécurité et de sortie de crise.
Alors on comprend mieux l'idée de la taxe carbonne et de la colère de Sarko: privé de l'emprunt, il ne peut continuer de claquer l'argent dans des depenses somptuaires et il doit trouver les moyens de réduire le train de vie de l'Etat, ce qui n'est pas drôle en période préelectorales; privé de la taxe, c'est son image de reformateur et de décideur tout puissant qui est remis en cause mais plus encore le système monétaire qu'on nous a présenté comme la seule voie de salut et partant l'euro, qui sauve de tous les maux , c'est bien connu!
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