lundi 31 mars 2014

Soirée électorale à Pignac-Le-Reloux

Conformément aux dispositions du Code Électoral, qui stipule que le dépouillement du scrutin est public, je me suis présenté dimanche soir dans la mairie de Pignac-Le-Reloux, 1633 électeurs inscrits, 2 bureaux de vote, l'un dans la salle polyvalente, l'autre dans la salle des Mariages :

Dans mon bureau, les scrutateurs s'assoient le long de la longue table. La cérémonie est réglée par la garde-champêtre, à qui on ne la fait pas : elle dirigeait déjà les opérations en 81 pour l’élection de Mitterrand. Les employées municipales distribuent des tableaux Excel à remplir à la main, en se réjouissant d'avance des heures sup comptées double parce que c'est dimanche.

On regarde l'urne, le chef sort la clé. Un pépé à casquette annonce tout fier qu'il y a 505 votants, d'après le registre. On ouvre l'urne, le compteur indique 518 votants. "Ah, y'a Robert qui a encore joué avec la manette!". Oui, mais c'est le nombre de bulletins qui fait foi, déclare le chef. Comptons!

Attention, faites-en pas tomber par terre! crie la garde-champêtre quand on vide l'urne sur la table. On compte : les 2 types du bout comptent des paquets de 10, les passent à leurs voisins, qui les recomptent, et ainsi de suite jusqu'au bout de la table : chaque paquet de 10 a donc été compté 8 fois, après quoi on lui met un élastique autour. Ensuite, on fait des paquets de 100 (on recompte les paquets) et on les met dans une enveloppe kraft, qu'on scelle au scotch et qu'on fait émarger par les 16 scrutateurs. Total 510.



Bon ça sera 510.
Alors dépouillons!. Changement de format : les 16 se font 2 tables de 8, plus un chef en bout de table. On décachette une enveloppe de 100, on vérifie, et on ouvre chaque bulletin, devant tout le monde, pour en faire 2 tas : le tas des "valides" et le tas des "litiges". Dans le tas des valides, on met d'un côté les bulletins, de l'autre les enveloppes. Il y a du reste une boite marquée ENVELOPPES VIDES. Au premier "litige", Pépé met l'enveloppe dans cette boite. "Ah non, Marcel, les enveloppes des litiges sont avec les litiges" -"Ben, Raymond, y'a marqué "Enveloppes vidées", et je l'ai vidée...- Non pas VIDEES, VIDES- Ah bon? Si j'aurais su...

Bon, c'est pas tout ça, trions les bulletins valides. Le chef lit le nom du bulletin, et les 8 scrutateurs font un bâton dans le tableau Excel manuel, comme ça : lllllll, pas comme ça : l_l. A chaque dizaine, on change de colonne. Puis on recompte 4 fois chaque pile de bulletin, puis les enveloppes, en mouillant le doigt dans l'éponge idoine.

Liste "Avenir et Progrès" : 44 voix! Liste "Dynamisme Pour Pignac" : 32 voix! Liste "Pignac-le-Reloux en avant!" : 17 voix. Litiges : 7. Maintenant on compte les enveloppes : 92. M'enfin, Marcel, tu t'es encore gouré! - J'vas remettre une enveloppe vide des litiges dans l'autre tas! Voila, c'est bon maintenant!

Magouille! hurle le représentant officiel de la liste "En avant". Bon recomptons. Recomptons : 94! Ben, si je remets l'enveloppe vide que j'avais prise, ça fait 93, et on tombe juste. Bon, c'est bon, signez le PV....

On fait comme ça pour les 5 enveloppes de 100 et le paquet de 10. Puis on regarde les litiges, un par un.

Ce qui est amusant, c'est que pour chaque litige, il faut indiquer le "code litige" fourni par la Préfecture, dans un grand formulaire vert qui, même plié en 2, ne tient pas sur la table. 

Sont nuls :
- les bulletins raturés, panachés (Commune de plus de 1000 votants, merci Manu!), déchirés en petits morceaux, etc
-mais aussi les enveloppes comprenant 2 bulletins différents. Sont réincorporés comme valides, les votes avec 2 fois le même bulletin, parce que "des fois, y'en a qui s'collent"
-les bulletins qui permettent d'identifier l'électeur, comme çui-là qui a agrafé sa carte d'électeur avec! J'vas lui rendre, dit un scrutateur, j'habite à côté, mais son vote, il est nul! (fine allusion qui m'a échappé...)
-et puis enfin, last and least, le bulletin barbouillé d'injures dans tous les sens, que tous les scrutateurs lisent, l'un après l'autre, en hochant la tête. Nul...

Tout le "matériel", bulletins, enveloppes, litiges, est stocké dans de grandes enveloppes "pour la Préfecture", le tout remis dans l'urne. Avec le PV définitif porté comme le Saint-Sacrement, on se dirige vers la salle polyvalente pour le cumul municipal et la proclamation des résultats.

Là, on attend, on attend. Enfin la garde-champêtre, dont c'est la tâche, vient écrire les résultats sur le tableau blanc. Bureau 1 : je reconnais les chiffres qu'on vient de voir. Puis, elle se fait tirer par la manche, revient 5 minutes après avec un nouveau papier, et écrit par dessous 3 séries de chiffres, et fait l'addition par liste. Ah, c'est Roger qu'a gagné! s'exclame la foule. Puis un silence : à vue de nez, ça fait près de 1500 votants!!! Voleurs! Magouille! La garde-champêtre : C'est pas moi qui fais les chiffres!

C'était simple : on lui avait donné les résultats de l'ensemble, qu'elle avait ajoutés au tableau avec ceux du bureau 1! Bon, on respire, Roger a toujours gagné, il a 15 sièges au Conseil Municipal sur 19, et 5 sur 5 à la Communauté de Communes.

Bon, on va pouvoir aller regarder à la TV laquelle de ces dames a gagné Paris.














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