jeudi 21 mai 2009

Obama à Notre-Dame

C'était le jour des "graduations", une fête importante dans toutes les universités. On y invite une célébrité (rarement Paris Hilton, il est vrai) qui fait un discours plus ou moins convenu.

Cette année Obama a accepté de présider celle de l'Université Notre-Dame, dans l'Indiana, ce qui a a fait polémique avant de commencer. Banal.

Mais ce qu'il a dit, aux irréductibles "pro-vie' et aux non-moins intransigeants favorables à l'autorisation légale d'avorter, est très interessant. Le mieux est de le lire dans le texte

http://www.youtube.com/watch?v=Haywfa-0CfE

http://www.youtube.com/watch?v=NPQHQJbTEhg, etc.


Si vous avez du mal en anglais, l'article de La Croix du 21 mai me semble un bon compte-rendu, sans prise de parti .

Je vous le mets ici :

A Notre Dame, Barack Obama prêche la tolérance


Revenant sur la controverse ayant entouré son invitation à l’Université de Notre-Dame, le président américain a consacré dimanche 17 mai son discours au dialogue et au respect des différences.

C’était un exercice difficile, le président américain l’a relevé avec éloquence. Invité dimanche 17 mai après-midi à l’Université de Notre-Dame (Indiana) pour la cérémonie de remise des diplômes, Barack Obama a longuement évoqué la polémique qui a entouré sa venue dans l’un des plus prestigieux établissements catholiques des États-Unis. Ces dernières semaines, une vive controverse s’était développée dans le milieu ecclésiastique, une soixantaine d’évêques – sur les 290 du pays – et les organisations pro-vie s’opposant à cette invitation, en raison des positions libérales du président sur l’avortement (lire La Croix du 21 avril).Cette dispute passionnée, parfois aigre, Barack Obama l’a prise à bras-le-corps, évitant faux-fuyants et caricatures. Devant l’ampleur des défis à relever (le redressement de l’économie, la sauvegarde de la création de Dieu, la paix…), le président a appelé dimanche à la coopération dans la diversité pour « trouver une manière de vivre ensemble comme une seule famille Barack Obama à l'université Notre-Dame, dimanche 17 mai (Photo Rex Arbogast/AP). humaine ». « Aucune personne ou religion ou nation, ne peut relever ces défis seule », a-t-il prévenu.

"Est-il possible de joindre nos mains dans un effort commun ?"Rassembler des personnes dans cette tâche commune – « même des personnes de bonne volonté » – peut être pourtant « difficile à accomplir ». Et Barack Obama de citer des exemples concrets : « L’activiste gay et le pasteur évangélique peuvent tous deux déplorer les ravages du sida, mais se trouver incapables de combler le fossé culturel qui pourrait unir leurs efforts. Ceux qui s’expriment contre la recherche sur les cellules souches embryonnaires peuvent être enracinés dans une admirable conviction au sujet du caractère sacré de la vie, mais c’est aussi le cas de parents d’un enfant souffrant de diabète juvénile, qui sont convaincus que les épreuves de leur fils ou de leur fille pourraient être soulagées. »

Faisant face à ce dilemme de démocrate, confronté à des visions du bien différentes et irréconciliables, le nouvel hôte de la Maison Blanche a refusé l’impasse du choc violent des convictions dans l’espace public. « Comment travaillons-nous à travers ces conflits ? Est-il possible de joindre nos mains dans un effort commun ? (…) Comment pouvons-nous rester fermes sur nos principes et combattre pour ce que nous considérons juste, sans diaboliser ceux qui ont, sur l’autre bord, des convictions tout aussi fortes ? », a-t-il questionné. Il est une voie, a-t-il soutenu : celle qui consiste à « ouvrir nos cœurs et nos esprits à ceux qui peuvent ne pas penser exactement comme nous ou qui ne croient pas exactement ce que nous croyons ». « C’est alors que nous découvrons au moins la possibilité d’un terrain d’entente.»

"Sans réduire à la caricature ceux qui ont des vues différentes"Ce « terrain d’entente », Barack Obama a longuement précisé ce qu’il signifiait dans le cas de l’avortement, un dossier qui a « des dimensions à la fois morales et spirituelles ». Parfois interrompu par les applaudissements de l’assemblée – formée dimanche de 12 000 étudiants, parents, anciens élèves et professeurs –, il a lancé un véritable programme d’action.

« Travaillons ensemble à réduire le nombre de femmes demandant des avortements, réduisons le nombre de grossesses non désirées, rendons l’adoption plus facile, apportons soin et soutien aux femmes qui portent leur enfant à terme », a-t-il invité, avant de poursuivre : « Honorons la conscience de ceux qui sont en désaccord avec l’avortement, rédigeons un projet de clause de conscience raisonnable, faisons en sorte que toutes nos politiques de santé soient enracinées non seulement dans une science solide, mais aussi dans une éthique claire ainsi que dans le respect de l’égalité des femmes ».Barack Obama n’a pas versé dans l’irénisme. Il n’a pas fait croire que le débat sur l’avortement pourrait prendre fin prochainement. « Chaque partie continuera à plaider sa cause dans l’espace public avec passion et conviction. Mais certainement pouvons-nous le faire sans réduire à la caricature ceux qui ont des vues différentes ? », a-t-il simplement envisagé.

"D’autres auraient pu éviter ce lieu"Il a alors partagé son expérience d’organisateur de communauté dans la banlieue sud de Chicago et ce qu’il avait appris aux contacts de personnes de convictions différentes, animé par un même esprit de justice. Il a, au passage, rendu un vibrant hommage au cardinal Joseph Bernardin (1928-1996), ancien archevêque de Chicago et « homme plein de bonté », pour la manière qu’il avait de défendre ses convictions, sans humilier celui qui pense différemment.

Prenant la parole avant Barack Obama, le P. John Jenkins, président de l’université, a lui aussi plaidé pour un dialogue respectueux, citant en exemple le président américain : « Le président Obama est venu à Notre-Dame, en sachant que nous soutenons pleinement l’enseignement de l’Église sur le caractère sacré de la vie humaine et que nous sommes opposés à sa politique sur l’avortement et la recherche sur les cellules souches embryonnaires. » Et le religieux de noter que « d’autres auraient pu éviter ce lieu pour cette raison », avant de louer ce président qui « n’est pas quelqu’un qui s’arrête de parler à ceux qui ne sont pas d’accord avec lui » – « un principe que nous partageons », a ajouté le P. Jenkins.
Élodie MAUROT

2 commentaires:

François a dit…

Et voila le texte

http://www.whitehouse.gov/the_press_office/Remarks-by-the-President-at-Notre-Dame-Commencement/

PROSPECTIVISTE a dit…

L'Amerique a ceci de particulier que tout y est possible et sait reconnaitre ses erreurs.

Changer d'avis, expérimenter sans complexe et essayer encore avec une protection sans limite de la liberté, tout celà a fait qu'après l'épisode Busch, investi deux fois autour du projet néoliberal, un Président au discours et aux actions differents peut s'exprimer aujourd'hui et proposer de nouvelles orientations sans rejeter le passé !
De ce coté ci de l'Atlantique, notre Président "ouvre" à gauche pour être sur de ne pas rencontrer d'opposition au jour des élèctions et fait interdire comme sous les régimes communistes de Chine et d'URSS toute atteinte à son auguste personne.Mais la France peut se permettre de donner des leçon de démocratie au monde...qui s'en fout et a bien raison de rigoler !

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