Je commence ici la publication de mes souvenirs, en hommage à Henri Troyat, Rama Yade, PPDA, Alain Minc, Karl-Gustav zu Guttenberg, et bien d'autres.
Aujourd’hui, papa est mort. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu
un télégramme de l’hôpital: « Père décédé. Enterrement demain. Sentiments
distingués. » Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier.
Il
est 5 heures, je prends le thé avec Madeleine. Et comme dans ce jeu où
les Japonais s’amusent à tremper dans un bol de porcelaine rempli d’eau de
petits morceaux de papier jusque-là indistincts, de même maintenant toutes les
fleurs de notre jardin et celles du parc de M. Tripier, et les remous de la
Fecht, et les bonnes gens du village et leurs petits logis et l’église et tout L***
et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, ville et
jardins, de ma tasse de thé.
La maison qu’habitaient alors mes parents est
située dans une rue sombre et étroite de L***, appelée la rue des Juifs : cette
maison est aujourd’hui transformée en hôtel. J’eus pour parrain, comme on le
voit dans mon extrait de baptême, un ami de mon père, et pour marraine ma tante
Marie. Il n’y a pas de jour où, rêvant à ce que j’ai été, je ne revoie en
pensée le palais où je suis né, la chambre où ma mère m’infligea la vie, la
tempête dont le bruit berça mon premier sommeil. Le Ciel sembla réunir ces
diverses circonstances pour placer dans mon berceau une image de mes destinées.
Longtemps, je me suis levé de bonne heure. Parfois, à peine mon réveil déclenché, mes yeux s’ouvraient si vite que je n'avais pas le temps de me dire : « Je dors encore.» Et, trois minutes après, la pensée qu'il était temps de fuir le sommeil me rendormait. Je me demandais quelle heure il pouvait être ; j'entendais le sifflement des trains qui me décrivait l'étendue de la campagne déserte où le voyageur se hâte vers la station prochaine.
Longtemps, je me suis levé de bonne heure. Parfois, à peine mon réveil déclenché, mes yeux s’ouvraient si vite que je n'avais pas le temps de me dire : « Je dors encore.» Et, trois minutes après, la pensée qu'il était temps de fuir le sommeil me rendormait. Je me demandais quelle heure il pouvait être ; j'entendais le sifflement des trains qui me décrivait l'étendue de la campagne déserte où le voyageur se hâte vers la station prochaine.
Je devais aller à l’école. Nous étions à l’étude, quand le
Proviseur entra, suivi d’un nouveau habillé en bourgeois et d’un garçon de
classe qui portait un grand pupitre. Ceux qui dormaient se réveillèrent, et
chacun se leva comme surpris dans son travail.
Le Proviseur nous fit signe de nous rasseoir ; puis, se
tournant vers le maître d’études
-
Monsieur Roger, lui dit-il à demi-voix, voici un élève que
je vous recommande, il entre en cinquième. Si son travail et sa conduite sont
méritoires, il passera dans les grands, où l’appelle son âge.
A suivre....
2 commentaires:
Vu vos commentaires, je précise que comme ceux dont j'ai indiqué le nom au début, j'ai pratiqué le plagiat.
Vous y aurez reconnu l'Etranger, de Camus, les Mémoires d'Outre-Tombe, de Chateaubriand, A la recherche du temps ^perdu, de Proust, enfin de Madame Bovary, de Flaubert.
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