Frédéric
Mitterrand a eu bien tort d'écrire sa "Mauvaise Vie". Ou peut-être seulement de la publier, car je comprends qu'il ait éprouvé le besoin d'écrire ses souffrances et sa descente aux enfers.
Au mieux, il aurait dû confier le manuscrit à un notaire, pour une publication dans 100 ans. Au pire, il aurait dû rester dans son coin, et ne pas chercher à se faire bien voir dans la
sarkozie.
Ça lui a pété au nez, comme c'était prévisible. J'ai plutôt pitié de lui, mais qu'est-il allé faire dans cette galère?
Pour moi, vous ne saurez rien de ma mauvaise vie à moi : je garde tout pour moi. Non pas que j'attends une promotion pistonnée, ni une gloire littéraire quelconque, mais parce que ça ne vous regarde pas. Ni la justice de ce bas monde, car je n'ai commis aucun crime. Juste peut-être quelques délits, genre excès de vitesse, mais il y a prescription. Point barre. Circulez..
En revanche, je suis surpris de voir de trop nombreuses personnalités étaler leurs vies mauvaises dans tous les journaux. Vies mauvaises, parce que forgées d'actions méprisables, indéfendables, immorales, et pourtant, ils continuent, sans honte, sans remord. Et sans que personne ne puisse dire "stop, là, c'est trop".
Prenez les Italiens en
Afghanistan : ils payaient les
talibans pour avoir la paix, et ont oublié de le dire à la relève française : 10 morts... Est-ce plus grave ou moins grave que les
berlusconneries? Non, ce n'en est que la conséquence : quand le chef se permet tout, pourquoi risquer de se faire tuer pour lui? Et quand je dis "se permet tout", il n'y a pas que les petites putes mineures, mais aussi les lois protectrices sur la corruption, le matraquage de la justice et de la presse, etc.
Prenez
Sarkozy : sa mauvaise vie, tout le monde est au courant. On dit qu'il pistonne son fils, c'est faux. Il répond à une urgence :
Devedjian, président du Conseil général du 92, et président de
l'EPAD, avait annoncé son intention de "nettoyer les écuries
d'Augias". Il est donc urgent de
l'exfiltrer de ses fonctions pour protéger le système.
Il semble clair maintenant que la nomination du fiston a été préparée de longue date : élection du fils comme conseiller général (facile, il suffit que le Parti le présente), nomination de
Devedjian au gouvernement, pour l'occuper à autre chose, faire élire le fiston président du groupe
UMP au Conseil Général (facile), refuser à
Devedjian de prolonger l'âge limite de 65 ans et faire démissionner un des membres de
l'EPAD moyennant une sinécure. Donc le fils va
alller à
l'EPAD, et dans 2 ans, il sera président du Conseil général.
Ce n'est pas une ambition : c'est la nécessité de sauver le système
mafieux du 92. C'est de la politique, mais de la mauvaise. Ce n'est pas du reste que je défende
Devedjian, qui a tant de casseroles, mais comme
Mitterrand avec la
Thaïlande, il n'avait pas besoin de parler
d'Augias.
Autre exemple : prenez Jean-Louis
Gergorin. Un X,
Enarque, ancien Maître des Requêtes au Conseil
d'Etat, ancien professeur à
l'IEP Paris,
vice-Président de
EADS en charge de la Stratégie, empêtré dans l'affaire
Clearstream : on n'aura pas besoin de la décision du tribunal pour savoir que c'est un psychopathe paranoïde et pervers. Qui l'a nommé à ces hauts postes? Quelle vie mauvaise...
Prenez la direction de France
Télécom : voila des gens "a priori" très bien, au faîte de leur carrière, au sommet de leurs compétences. D'un seul coup, le sol se dérobe sous leurs pieds. Ils pensaient avoir tout bon, mais se congratulaient en fait sur les apparences d'une réalité épouvantable qu'ils ont créée sans s'en apercevoir (au moins quelques-uns)! Une sorte de goulag modernisé, où l'on consomme de la
RH pour en faire du fric. Et ils n'ont même pas été capables de faire monter le cours de l'action... Très mauvais, le bilan de leur vie! Ne leur dites pas, ils pourraient ne pas s'en remettre...
Je ne multiplie pas les exemples, les banquiers,
Hortefeux,
Dati,
Dassault...
Toutes ces vies mauvaises sont pires que "sa" mauvaise vie.
Le Ciel défend, de vrai, certains contentements
Mais on trouve avec lui des accommodements. Le scandale du monde est ce qui fait l’offense,
Et ce n’est pas pécher que pécher en silence.
- Tartuffe, Molière